vendredi 17 mars 2023

178. Coincidence de temoignages... Aide methodologique et médiation...

Coïncidences de témoignages…

 

Il y a dans la vie des coïncidences de situations qui, quand on les rapproche, valent bien mieux que chacune d’entre elles prise pour elle-même. Voici deux témoignages que vient de m’envoyer un de mes amis formateurs en gestion mentale et, à ses heures, historien au service du patrimoine de son pays basque natal. Farfouillant dans les archives d’un monastère voisin, il est tombé sur un petit cahier dans lequel un vieux moine raconte les expériences de sa jeunesse. Par ailleurs, une de ses anciennes élèves lui a envoyé récemment des nouvelles de son parcours d’études en vue du Professorat des Écoles ; elle le remercie pour les découvertes qu’il lui a permis de faire au détour de sa classe de troisième : elles lui ont tout à la fois permis de trouver son but dans la vie et procuré les moyens de l’atteindre dans les meilleures conditions.

 

1.Souvenirs d’un vieux moine.

Alors qu’il est en terminale au lycée I. à Pau et qu’il est très en retard dans scolarité, Adrien (1921-2018) raconte comment un professeur lui a appris à travailler :

 

…Or un abbé B. Était mon professeur de français. Lorsqu’il nous donnait un sujet à étudier, nous avions un mois devant nous pour la rédaction. Et moi, qu’il estimait fort en analyse, je n’arrivais pas à atteindre la moyenne.

 

Un jour, à la récréation, il me dit : « Tu n’es pas paresseux au moins ? »

Je proteste, j’explique que (à cause de mon retard) j’ai trop de trains à prendre en marche cette année. Il me demande alors : « Au moins est-ce que tu sais comment travailler ? » Là je ne puis rien répondre parce que c’est la première fois qu’on me pose cette question !

 

« Ah !  Je vois ! Demain à 21 heures tu viendras à mon bureau et nous allons voir ça. »

J’étais présent avant 21 heures et frappais à sa porte à l’heure exacte.

« Voilà, sur la table, tous les livres nécessaires. Les signets qui sont dedans t’indiquent les passages concernant le sujet à traiter. Tu en prends note. »  Durant deux heures je pris cinq à six feuillets de notes, pendant que lui corrigeait nos cahiers de latin. Comment ne pas réussir une bonne rédaction avec tant de facilités ! Au bout d’un mois, lors des corrections, le verdict fut : « Qu’est-ce que tu m’as fait là ? C’est une saucisse ! Demain nous recommençons pareil ».

Je n’imagine pas ce qui aurait pu me détourner d’une seconde expérience. « La présentation est identique, mais tu vas travailler différemment. Tu lis (les passages désignés) et ce que tu as lu, tu le résumes en une phrase et même un mot et tu prends note. » Au bout de deux heures de lecture, je n’avais ramassé qu’une misérable page de notes.

Combien de fois ai-je lu et relu ces mots, ces phrases, avant qu’enfin, dans ce chaos, surgisse que la seule idée importante était celle-là et que les autres étaient accessoires. La rédaction fut d’un seul jet rapide. Et lors de la correction, ce sourire indéfinissable de l’abbé B. pour me dire : « Tu y es ! » Et à la sortie en récréation : « C’est le plus difficile mais c’est le meilleur. Tu produiras ainsi un travail personnel. »

Quelle libération ! Toute ma vie j’ai béni l’abbé B. pour m’avoir enseigné comment accéder à mon entendement.

 

Comme on le voit, cette aide méthodologique portait explicitement sur le contenu du travail lui-même et non sur les activités mentales qui en étaient seulement induites. C’est déjà très important. Mais on peut être plus explicite dans cet accompagnement. C’est ce qu’il apparaît dans le témoignage suivant. Une de ses anciennes élèves envoie de ses nouvelles à Mickel Erramouspé, professeur d’histoire-géographie et formateur en gestion mentale, qui fut son professeur en troisième et qui l’a reçue à l’occasion de la réalisation de son mémoire professionnel.

2.Témoignage de O…, 22 ans. Cette jeune fille n’est pas une experte de la gestion mentale dont elle a seulement bénéficié par le biais d’un de ses professeurs. Elle utilise un vocabulaire approximatif pour désigner cette pédagogie des actes de connaissances ; elle fait la même approximation que les neuroscientifiques en parlant de « mémoire  » pour désigner l’ensemble de l’activité de connaissance ; elle parle aussi de « profils de mémoire » qui sont en fait des profils pédagogiques, c’est-à-dire les choix de projets de sens qu’une personne mobilise dans son activité d’apprentissage, ici l’activité de mémorisation mais aussi dans tous les autres « gestes mentaux », ces choix qui la rende ainsi parfaitement singulière.

 … Je remercie Monsieur Erramouspé de m’avoir permis, en 3-ème de trouver mon profil de mémoire dominant (Profil pédagogique selon les travaux d’A. de LA GARANDERIE). Il a ainsi facilité ma scolarité mais aussi m’a sensibilisé à la question de la métacognition à l’école. Je le remercie également d’avoir pris de son temps pour me recevoir afin de partager ses connaissances sur le sujet, il m’a ainsi accompagné dans ce travail de recherche.

Mon parcours scolaire est donc un parcours d’une élève lambda rencontrant des difficultés mais qui, grâce à l’aide de certains enseignants et beaucoup de motivation, est arrivée en dernière année de Master mention « métier de l’enseignement, de l’éducation et de la formation ». Il faut dire que lorsque l’on sait le métier que l’on souhaite exercer plus tard, il est plus simple de trouver la motivation de surpasser ses difficultés, malgré le niveau bac+5 nécessaire.

Arrivant à la fin de ma scolarité, je fais l’amer constat que l’École ne nous apprend pas à apprendre. Elle ne cesse de nous demander de mémoriser une quantité considérable d’informations mais ne nous donne pas les moyens de le faire. C’est pour tenter de réduire cette lacune et ce manque de l’École que j’effectue ce travail pour mon mémoire de fin d’études. En tant que future Professeur des Écoles, mon souhait est de pouvoir aider mes élèves afin qu’ils ne rencontrent pas les mêmes difficultés que moi. Ce mémoire est un moyen, pour moi mais aussi pour ceux qui le souhaitent, de se former dans le domaine de la métacognition et plus précisément sur la mémoire.

Les connaissances que Monsieur Erramouspe m’a transmises au cours d’un stage de seulement 3 jours ont constitué un tournant dans mon parcours scolaire. C’est en classe de 3-ème que j’ai découvert la notion de profil de mémoire (profil pédagogique) et ce qui l’entoure. Cela m’a permis d’alléger considérablement ma charge de travail dans la suite de ma scolarité́, notamment en licence, tout en garantissant de bons résultats scolaires. Après réflexion, il est fort possible que sans ses connaissances et son partage, j’aurais dû abandonner mon rêve de devenir enseignante, non pas par manque de motivation ou de capacités mais par manque d’outils et de connaissance sur le fonctionnement de la mémoire.

Ce stage de seulement 3 jours m’a permis de m’épanouir dans mes apprentissages. Je fais donc l’hypothèse qu’une expérimentation, voire un enseignement tourné vers la métacognition permettrait d’aider les élèves à améliorer leurs résultats mais surtout de prendre plaisir à apprendre et à réussir. Rendre accessible l’École et les connaissances aux élèves est une de mes priorités en tant que futur Professeur des Écoles. Leur enseigner comment apprendre en passant par le domaine de la métacognition et plus précisément par les profils pédagogiques (la Gestion mentale).

Cette jeune fille parle de métacognition, comme Jean-Philippe Lachaud dans l’article que j’ai cité dans mon message 135 - Neurosciences et gestion mentale : la métacognition au secours de l'école ! Il s’agit en réalité de la découverte de ses capacités ou potentialités de capacités mentales, conscientielles, que peut faire une personne avec la médiation d’un tiers, professeur ou accompagnateur formé à la gestion mentale. Le milieu des neurosciences cognitives semble (re)découvrir actuellement cette bonne vieille conscience humaine avec ses activités purement mentales… conscience pourtant bannie de la recherche scientifique pour cause de trop grande subjectivité. Tant mieux ! Mais prenons garde à ne pas confondre, malgré toute sa pertinence, son utilité et la bonne volonté de celui qui le propose, un apport méthodologique en stricte extériorité comme dans le premier témoignage, et la connaissance de soi-même en activité d’apprentissage que propose la gestion mentale par l’intermédiaire du « dialogue pédagogique », seul véritable outil intériorisant de la véritable métacognition.

 

189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...