Coïncidences de témoignages…
Il y a
dans la vie des coïncidences de situations qui, quand on les rapproche, valent
bien mieux que chacune d’entre elles prise pour elle-même. Voici deux témoignages
que vient de m’envoyer un de mes amis formateurs en gestion mentale et, à ses
heures, historien au service du patrimoine de son pays basque natal.
Farfouillant dans les archives d’un monastère voisin, il est tombé sur un petit
cahier dans lequel un vieux moine raconte les expériences de sa jeunesse. Par
ailleurs, une de ses anciennes élèves lui a envoyé récemment des nouvelles de
son parcours d’études en vue du Professorat des Écoles ; elle le remercie pour
les découvertes qu’il lui a permis de faire au détour de sa classe de troisième
: elles lui ont tout à la fois permis de trouver son but dans la vie et procuré
les moyens de l’atteindre dans les meilleures conditions.
1.Souvenirs
d’un vieux moine.
Alors
qu’il est en terminale au lycée I. à Pau et qu’il est très en retard dans
scolarité, Adrien (1921-2018) raconte comment un professeur lui a appris à
travailler :
…Or un abbé B. Était mon professeur
de français. Lorsqu’il nous donnait un sujet à étudier, nous avions un mois
devant nous pour la rédaction. Et moi, qu’il estimait fort en analyse, je n’arrivais
pas à atteindre la moyenne.
Un jour, à la récréation, il me
dit : « Tu n’es pas paresseux au moins ? »
Je proteste, j’explique que (à cause
de mon retard) j’ai trop de trains à prendre en
marche cette année. Il me demande alors : « Au moins est-ce que tu
sais comment travailler ? » Là je ne puis rien répondre parce que
c’est la première fois qu’on me pose cette question !
« Ah ! Je vois ! Demain à 21 heures tu viendras
à mon bureau et nous allons voir ça. »
J’étais présent avant 21 heures et
frappais à sa porte à l’heure exacte.
« Voilà, sur la table, tous
les livres nécessaires. Les signets qui sont dedans t’indiquent les passages
concernant le sujet à traiter. Tu en prends note. » Durant deux heures je pris cinq à six
feuillets de notes, pendant que lui corrigeait nos cahiers de latin. Comment ne
pas réussir une bonne rédaction avec tant de facilités ! Au bout d’un
mois, lors des corrections, le verdict fut : « Qu’est-ce que tu m’as
fait là ? C’est une saucisse ! Demain nous recommençons
pareil ».
Je n’imagine pas ce qui aurait pu
me détourner d’une seconde expérience. « La présentation est identique, mais
tu vas travailler différemment. Tu lis (les passages désignés) et ce que tu as lu, tu le résumes en une phrase et même un mot et tu
prends note. » Au bout de deux heures de lecture, je n’avais ramassé
qu’une misérable page de notes.
Combien de fois ai-je lu et relu
ces mots, ces phrases, avant qu’enfin, dans ce chaos, surgisse que la seule
idée importante était celle-là et que les autres étaient accessoires. La
rédaction fut d’un seul jet rapide. Et lors de la correction, ce sourire
indéfinissable de l’abbé B. pour me dire : « Tu y es ! » Et
à la sortie en récréation : « C’est le plus difficile mais c’est le
meilleur. Tu produiras ainsi un travail personnel. »
Quelle libération ! Toute ma
vie j’ai béni l’abbé B. pour m’avoir enseigné comment accéder à mon
entendement.
Comme on le voit, cette aide méthodologique portait explicitement sur
le contenu du travail lui-même et non sur les activités mentales qui en étaient
seulement induites. C’est déjà très important. Mais on peut être plus explicite
dans cet accompagnement. C’est ce qu’il apparaît dans le témoignage suivant.
Une de ses anciennes élèves envoie de ses nouvelles à Mickel Erramouspé,
professeur d’histoire-géographie et formateur en gestion mentale, qui fut son
professeur en troisième et qui l’a reçue à l’occasion de la réalisation de son
mémoire professionnel.
2.Témoignage de O…,
22 ans. Cette
jeune fille n’est pas une experte de la gestion mentale dont elle a seulement
bénéficié par le biais d’un de ses professeurs. Elle utilise un vocabulaire
approximatif pour désigner cette pédagogie des actes de connaissances ; elle
fait la même approximation que les neuroscientifiques en parlant de « mémoire
» pour désigner l’ensemble de l’activité de connaissance ; elle parle
aussi de « profils de mémoire » qui sont en fait des profils pédagogiques,
c’est-à-dire les choix de projets de sens qu’une personne mobilise dans
son activité d’apprentissage, ici l’activité de mémorisation mais aussi dans
tous les autres « gestes mentaux », ces choix qui la rende ainsi
parfaitement singulière.
… Je remercie Monsieur Erramouspé de m’avoir
permis, en 3-ème
de trouver mon profil de mémoire dominant (Profil pédagogique selon les
travaux d’A. de LA GARANDERIE). Il a ainsi facilité ma scolarité mais aussi
m’a sensibilisé à la question de la métacognition à l’école. Je le remercie également
d’avoir pris de son temps pour me recevoir afin de partager ses connaissances
sur le sujet, il m’a ainsi accompagné dans ce travail de recherche.
Mon parcours scolaire
est donc un parcours d’une élève lambda rencontrant des difficultés mais qui, grâce
à l’aide de certains enseignants et beaucoup de motivation, est arrivée en dernière
année de Master mention « métier de l’enseignement, de l’éducation et de
la formation ». Il faut dire que lorsque l’on sait le métier que l’on
souhaite exercer plus tard, il est plus simple de trouver la motivation de
surpasser ses difficultés, malgré le niveau bac+5 nécessaire.
Arrivant à la fin de
ma scolarité, je fais l’amer constat que l’École ne nous apprend pas à
apprendre. Elle ne cesse de nous demander de mémoriser une quantité considérable
d’informations mais ne nous donne pas les moyens de le faire. C’est pour tenter
de réduire cette lacune et ce manque de l’École que j’effectue ce travail pour
mon mémoire de fin d’études. En tant que future Professeur des Écoles, mon
souhait est de pouvoir aider mes élèves afin qu’ils ne rencontrent pas les mêmes
difficultés que moi. Ce mémoire est un moyen, pour moi mais aussi pour ceux qui
le souhaitent, de se former dans le domaine de la métacognition et plus précisément
sur la mémoire.
Les connaissances que Monsieur
Erramouspe m’a transmises au cours d’un stage de seulement 3 jours ont constitué
un tournant dans mon parcours scolaire. C’est en classe de 3-ème que j’ai découvert
la notion de profil de mémoire (profil pédagogique) et ce qui l’entoure. Cela m’a
permis d’alléger considérablement ma charge de travail dans la suite de ma scolarité́,
notamment en licence, tout en garantissant de bons résultats scolaires. Après réflexion,
il est fort possible que sans ses connaissances et son partage, j’aurais dû
abandonner mon rêve de devenir enseignante, non pas par manque de motivation ou
de capacités mais par manque d’outils et de connaissance sur le fonctionnement
de la mémoire.
Ce stage de seulement 3
jours m’a permis de m’épanouir dans mes apprentissages. Je fais donc l’hypothèse
qu’une expérimentation, voire un enseignement tourné vers la métacognition
permettrait d’aider les élèves à améliorer leurs résultats mais surtout de
prendre plaisir à apprendre et à réussir. Rendre accessible l’École et les
connaissances aux élèves est une de mes priorités en tant que futur Professeur des
Écoles. Leur enseigner comment apprendre en passant par le domaine de la métacognition
et plus précisément par les profils pédagogiques (la Gestion mentale).
Cette
jeune fille parle de métacognition, comme Jean-Philippe Lachaud dans l’article
que j’ai cité dans mon message 135 - Neurosciences et gestion mentale : la métacognition au secours de
l'école ! Il s’agit en réalité de la découverte de ses capacités ou
potentialités de capacités mentales, conscientielles, que peut faire une
personne avec la médiation d’un tiers, professeur ou accompagnateur
formé à la gestion mentale. Le milieu des neurosciences cognitives semble
(re)découvrir actuellement cette bonne vieille conscience humaine avec ses
activités purement mentales… conscience pourtant bannie de la recherche
scientifique pour cause de trop grande subjectivité. Tant mieux ! Mais prenons
garde à ne pas confondre, malgré toute sa pertinence, son utilité et la bonne
volonté de celui qui le propose, un apport méthodologique en stricte
extériorité comme dans le premier témoignage, et la connaissance de soi-même en
activité d’apprentissage que propose la gestion mentale par l’intermédiaire du
« dialogue pédagogique », seul véritable outil intériorisant
de la véritable métacognition.