jeudi 6 juillet 2017

112 - Asperger et difficultés de concentration. On y peut quelque chose ?

Il y a deux ans presque jour pour jour, je publiais sur ce blog un message  intitulé : « J’ai ouvert mes oreillesintérieures ». J’y relatais un entretien relativement bref que j’avais eu avec un élève de seconde, début septembre 2014, lors de notre première rencontre, le premier jour du premier stage de méthodologie de sa classe. Il m’avait été décrit comme ayant de gros problèmes de concentration, dûs à un syndrome d’Asperger, et je me demandais comment j’allais pouvoir l’aider.  A la pause du matin, je le vis seul, à l’écart de ses camarades, accaparé par quelque chose que je ne voyais pas de là où j’étais. M’étant approché, je réalisais l’objet de son attention : des insectes, peut-être des abeilles, qui voletaient dans l’air devant lui. Il avait toute l’apparence de quelqu’un de très concentré, ce qui contrastait avec ce que l'on m'avait annoncé à son sujet. Pour les détails de notre entretien, je vous renvoie à la lecture de mon message 86. Depuis, je pensais parfois à cet élève lorsque j’abordais dans les stages le sujet de l’attention et de la concentration, mais je n’avais plus de nouvelles de lui. Et voici que ce matin je reçois ce message de sa part :

« Cher Guy Sonnois, dont l'enseignement me sera toujours précieux, c'est par cette belle journée du 7 juillet 2017 que j'ai reçu mon baccalauréat avec la mention bien. J'ai encore en mémoire ce que vous m'avez appris lorsque je regardais les abeilles dans l'arbre en vous expliquant mes problèmes de concentration. Vous m'avez dit que si je pouvais regarder si longtemps ces abeilles sans perdre le fil, et les identifier, c'était par mon seul intérêt et ma motivation, et que la concentration ne dépendait que de moi. Je m'en suis rappelé jusqu'à aujourd'hui et je tiens encore à vous remercier car mes problèmes ont lentement disparu après vos leçons. Je vous souhaite de très bonnes vacances, et de pouvoir encore aider de nombreuses personnes. Sincèrement, E. »

Bien que dans ce bref message, E. ne détaille pas l'habitude évocative verbalisante qu'il a découverte en cette occasion et qu'il a ensuite de mieux en mieux utilisée, la "fusée" lancée en Seconde il y a deux ans semble avoir poursuivi sa trajectoire de belle façon ! En effet, voici le bilan qu"E. faisait de son année de "méthodologie" en Juin 2015 : 

"Cette année de seconde a eu le même impact sur moi que la Renaissance sur l’Europe. Tout a été remis en question, et est encore en reconstruction en ce moment même. J’ai compris que la compréhension ne se développait pas en heures penché sur des lignes mais en données décryptées et remanipulées. ... Il me faudra des mois, des années même, avant que mes méthodes s’affinent. Guy, vous avez été le lanceur de la fusée. Maintenant que j’ai quitté la stratosphère, à moi de poursuivre la route en évitant les obstacles, en gérant le carburant. E." 

On voit que ce jeune homme n'est pas dépourvu d'imagination et d'un certain style ! Qualités que, bien sûr, il ignorait jusqu'en début de cette année de renaissance personnelle...


On cherche, pour aider ces jeunes, des dispositifs complexes, des thérapies plus ou moins exotiques, des traitements médicaux de toutes sortes… Parfois un peu d’attention vraie à leur endroit, un petit échange au bon moment, un peu de « savoir » sur les réalités de la vie mentale, et bien sûr une grande confiance dans leurs capacités méconnues, cela peut suffire. La preuve !

189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...