lundi 14 juin 2021

165 - Grand oral du bac. Encore une bonne idée... qui risque de s'enliser comme tant d'autres !

Grand oral du bac... Encore une bonne idée... qui risque de s'enliser comme tant d'autres ! Après le sort malheureux des TPE rétrogradés de Terminale à Première et réduits au rôle très auxiliaire de grappillage de points pour une hypothétique mention au bac, le Grand oral - qui en est comme la suite et la finalité -connaitra-t-il un meilleur sort ? Ou de l'inanité des stratégies visant la transformation du système scolaire français et des pratiques professorales uniquement de l'extérieur. 

L'intention pourtant était bonne :

"Après un temps de préparation, l'élève présente sa réponse, qui doit être le fruit d'une "réflexion personnelle", selon le ministère. L'exercice doit permettre aux candidats d'apprendre à s'exprimer en public, "de façon claire et convaincante", compétence "fondamentale" pour la vie personnelle et professionnelle", soulignait début mai Jean-Michel Blanquer.  

On croirait lire un passage d'Accompagner le travail des adolescents...  et la description des moments privilégiés de Pégase ! Car de quoi s'agit il en réalité pour les élèves ? D'une recherche approfondie nourrissant une réflexion méthodique, suivies d'une expression orale "claire et convaincante". C'est à  dire de compétences lourdes auxquelles ils devraient être formés tout au long de leur parcours scolaire, bien longtemps avant les quelques semaines de bachotage affolé précédant le temps de leur évaluation terminale. Compétences, en effet, fondamentales qui les prépareraient au mieux aux études supérieures auxquelles se destinent  la plupart d'entre eux. Tout comme à une future vie professionnelle et sociale épanouissante... si c'est bien à  cela que sert encore l'école...

Avec l'introduction de ce type d'épreuves dans notre sésame national  pour le supérieur (si peu sélectif aujourd'hui), le but est clairement de proposer un changement radical de notre modèle d'enseignement encore trop magistral et comportemental. Une tentative de plus... qu'on aimerait bien voir aboutir... pour une fois.

Mais si la stratégie est louable, on voit bien que la tactique prend le problème à l'envers... comme d'habitude.

 L'imposition autoritaire d'une pratique pédagogique ne saurait à elle seule obtenir une conversion en profondeur et durable du paradigme dominant de notre École qui confine la compréhension aux obscurs aléas individuels et la réflexion ou l'expression aux seuls moments d'évaluation et nullement à ceux d'une vraie formation intellectuelle répartie dans le temps long.

Plût aux cieux de la connaissance que les élèves soient familiarisés (comme ils le sont assez généralement en primaire bien que pas assez explicitement) à pratiquer ces activités tout intérieures de compréhension approfondie, de réutilisation-transfert des acquis et de communication, orale tout autant qu'écrite, tout au long de leur scolarité de collège et de lycée ! Mais pour cela il faudrait impérativement qu'eux-mêmes et leurs enseignants en aient une connaissance explicite.

Et qui actuellement est en mesure de proposer cette explicitation ? 

Qui pourra répondre à cette question détiendra la clé d'une véritable rénovation de notre Ecole et sa réussite tant espérée ! Que ceux qui la détiennent (les praticiens en GM...) ne se laissent pas décourager. On y viendra forcément un jour ! Courage et patience. Résistons !

jeudi 10 juin 2021

164 - La confiance et l’estime de soi ne peuvent venir que de l’intérieur d’une personne.

 

La confiance et l’estime de soi ne peuvent venir que de l’intérieur d’une personne.

On sait l’importance de la confiance en soi, qu’on appelle aussi estime de soi, dans l’engagement des élèves au travail, dans leur motivation, et dans la réussite de leurs apprentissages. Mais ce que l’on sait moins c’est comment les aider à développer cette confiance en eux-mêmes.

Certains pensent, à juste titre, que la réussite et son cercle vertueux est favorable à son développement. Toutefois, je vois passer beaucoup de propositions pédagogiques prétendant aller dans ce sens, et je suis frappé par l’extériorité de ces occasions de réussite préconisées. Extériorité, au sens où tout procède des professeurs et des situations ou des protocoles proposés aux élèves. Rien de ce qui pourrait venir d’eux-mêmes et de leur intériorité. Il est bien certain que des professeurs rébarbatifs, des remarques blessantes voir des brimades, un climat d’insécurité ou de compétition forcenée dans la classe, tout comme des tâches impossibles à réaliser ou bien trop faciles ne comportant aucun enjeu pour l’élève, toutes ses situations sont moins propices à l’estime de soi que leurs contraires. Tout cela, ma foi, est bien connu, même si tous les enseignants n’en font pas toujours la démonstration. Mais surtout, n’est-ce pas là confondre la cause et la conséquence ; la réussite considérée comme cause de la confiance en soi plutôt que sa conséquence ?

Les accompagnateurs et les professeurs pratiquant la gestion mentale savent que c’est toujours de l’intérieur même des élèves que peut naître la confiance et l’estime de soi-même et, en conséquence, la réussite. Un dialogue pédagogique bien mené, un renseignement donné au bon moment sur le projet de sens ou le geste mental permettant la réussite, voilà le meilleur moyen pour que la confiance et l’estime de lui-même revienne dans le cœur d’un enfant. Voir à ce propos mes messages 72 et 163.

N’étant ni enseignant, ni psychologue ou quelque chose comme ça, j’ai pourtant eu de très nombreuses occasions de constater qu’en fort peu de temps et avec très peu de moyens pédagogiques, la confiance d’un élève en ses capacités propres peut survenir et, devant les preuves évidentes de réussite qu’elles lui permettent d’obtenir, s’installer durablement. En voici un témoignage bien significatif que j’ai retrouvé dans mes archives. Il date de 2003, époque où, après mon départ en retraite, je recevais encore des élèves de tout niveau scolaire.

Il s’agit d’un mail reçu de sa maman après seulement un entretien d’un peu plus d’une heure avec un jeune enfant :

« Monsieur, depuis l’entretien que vous lui avez accordé, François-Xavier a découvert avec délice ce qu’est la mémoire et le plaisir de s’en servir : il a (enfin !) appris "ses tables" et s’est étonné de la facilité avec laquelle cela est possible. Il a fait un bond gigantesque en orthographe se payant même le luxe d’une excellente note à une dictée difficile, là où il aurait "autrefois" hérité d’un zéro… Les acquisitions dans le domaine de la mémoire en général ont considérablement progressé et François-Xavier a retrouvé une confiance en lui perdue depuis longtemps. Il a même exprimé combien il était persuadé d’être complètement "idiot" et commence à penser que ce n’est pas tout à fait vrai ».

Lors de ce premier entretien, je n’avais abordé que la partie "facile"de Pégase : l’intégration et la conservation de contenus scolaires. La "réception du ballon" en quelque sorte pour reprendre la métaphore du footballeur *. Je n’avais pas abordé la suite que j’avais laissée à son initiative, lui proposant d’aller plus loin s’il le souhaitait et si les premiers résultats obtenus l’encourageaient à poursuivre son effort de mise au jour de son potentiel mental. Aborder la réflexion avec sa zone de turbulences et de risques demande en effet qu’une solide base de confiance soit d’abord réinstallée.

Et en effet la maman poursuit son mail ainsi :

« Mais dans un même temps il a très peur que "ça ne dure pas". D’autant, et dans ce domaine le problème reste entier, que la mise en place d’un commencement de réflexion n’est pas faite. Nous buttons donc sur ce problème majeur même si nous avons passé beaucoup de temps à lire et à analyser vos documents **. Il me semble en conséquence utile que vous puissiez le revoir en entretien dans un futur assez proche pour profiter de la dynamique créée par ses acquis en mémorisation mais aussi pour éviter un découragement face aux mauvais résultats de certains contrôles qui risquent de nous faire repartir sur les certitudes relatives à la "nullité". »

Ainsi, il est vrai que la seule bonne réception des savoirs (attention et mémorisation) n’est pas suffisante pour assurer durablement la confiance en soi. Les gestes mentaux (les actes de connaissance) de réflexion et de compréhension approfondie en sont les compléments indispensables. Car c’est bien à ces moments de confrontation aux tâches complexes de transfert des connaissances - que sont nos "contrôles" en France - que se joue la plus grosse partie de la confiance en soi et son installation dans le temps long. En conséquence, la réception des savoirs doit viser dès le départ ces compétentes qui sont en jeu dans nos évaluations. Ces évaluations qui en aucun cas ne peuvent à elles seules provoquer la confiance et l’estime des élèves, alors qu’elles ne sont la plupart du temps pour eux que source de stress et de dévalorisation personnelle.

Les entretiens suivants avec François-Xavier - comme avec tant d’autres - ont consisté à mettre en place ces gestes mentaux plus complexes, jusque-là inconnus de lui et à les pratiquer dans de bonnes conditions. Et la confiance s’installa en lui durablement. Mais de l’intérieur ! Toujours.

 

* Voir page 7 du cahier J'apprends à travailler (Chronique Sociale. 2018)

**Pour éviter de multiplier les rendez-vous, je donnais aux grands élèves ou aux parents des plus jeunes le document "réflexion élève" (voir mon message numéro 25 Pour apprendre à réfléchir). Mais évidemment cela ne remplaçait pas, surtout pour les plus jeunes, un entretien ciblé sur ce geste délicat. De la même façon je réservais un entretien pour le geste de compréhension approfondie avec les cinqquestions (message 56).

 


mardi 1 juin 2021

163 - J’ai eu 20/20 en physique, M’sieur, en suivant les conseils de votre livre.

Il y a une dizaine de jours, je déchargeais ma voiture de quelques colis sur le parking de ma résidence. Passent alors deux jeunes garçons venant d’un lycée voisin. Ils s’approchent de moi :

– Bonjour Monsieur, voulez-vous de l’aide ?

Comme quoi tous les jeunes ne sont pas des sauvageons à l’affût d’un prochain mauvais coup ou ivres de leur pouvoir de violence !

Ayant décliné leur proposition dont je les remerciais, je leur rappelle La Fontaine et sa morale : « un bienfait n’est jamais perdu ». Et de même pour une simple proposition de bienfait… À leur sourire je vois qu’ils ont compris. Je leur demande alors quel est le niveau de leurs études. Ils sont en seconde, "c’est encore le début ce n’est pas trop difficile". Veulent-ils vraiment réussir leurs études ? La réponse étant positive, je leur propose de m’attendre quelques minutes, le temps que je remonte chez moi prendre quelque chose que je veux leur donner. Je ne pensais pas vraiment qu’ils m’attendraient … mais je tentai le coup. Quand je revins, ils étaient toujours là. Je leur ai donné à chacun un exemplaire du livret "J’apprends à travailler" (le "petit livre bleu"… ) en leur disant :

– « Voici le résultat de votre proposition de bienfait. Ces quelques pages contiennent tous les secrets qui permettront votre meilleure réussite. Il ne s’agit pas de travailler plus mais de travailler mieux pour un meilleur résultat. Si vous avez le courage de lire ces pages, vous ne le regretterez pas ! »

Ils me remercient et s’en vont. On en reste là et je n’y pense plus.

Une dizaine de jours plus tard, c’est-à-dire hier, travaillant à mon bureau les fenêtres ouvertes, j’entends un groupe de jeunes passer dans ma rue en riant et en s’interpellant. Parmi eux je reconnais  mes deux interlocuteurs. Je les interpelle depuis mon balcon. Ils me reconnaissent. L’un me dit qu’il a commencé la lecture du livret, l’autre précise qu’il en est à la page 30 (c’est-à-dire qu’il a  lu le précepte 4 et peut-être même fait l’exercice mettant en évidence le geste d’attention. Il ajoute :

– «  J’ai eu 20/20 en physique, M’sieur, grâce aux conseils de votre livre ! »

CQFD.

Les beaux esprits de la pédagogie officielle prétendent que dans l’accompagnement des élèves, c’est le contact humain, la présence bienveillante, l’attention qu’on leur accorde, le regard positif que l’on porte sur eux, qui expliquent les effets positifs obtenus, bien davantage que le contenu proprement dit de l'aide apportée. On appelle cela aussi l’effet Pygmalion…

Une nouvelle fois, avec ces échanges "de rue" qui n’ont pas duré plus de quelques minutes entre de parfaits inconnus, j’ai eu la preuve que le contenu - celui de la Gestion mentale tout au moins - importe au moins autant que le temps et la qualité de la présence d’un accompagnateur patenté et bien situé dans la hiérarchie pédagogique.

Lorsque la conscience est suscitée, même par une courte lecture ou une rencontre fortuite, une question ou un renseignement bien adaptés, elle réagit avec toute la force de ses structures de sens qui ne demandent qu’à se mettre à l’œuvre pour faire grandir l’humanité qui réside en chacun de nous. Et accessoirement pour la meilleure réussite scolaire. Il suffit vraiment parfois de peu de choses. Mais c’est là la grande œuvre de la vraie pédagogie. Voir aussi mon message 72 : "Un très bon conseil, mais...".

Le "petit livre bleu" que tout collégien-lycéen-étudiant devrait avoir avec lui :





189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...