mercredi 9 juillet 2014

79 - ÉVALUER DES ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ.

Dans mon message 75 « Comprendre ce qu'est comprendre », je faisais allusion à une grille d'évaluation mise en place dans une classe de seconde destinée à des élèves en difficulté :" Le « but c’est le chemin » (en seconde tout au moins). Le but dans cette classe c’est qu’ils (les élèves) soient en mouvement vers ces objectifs mieux repérés, que leur « conversion » soit commencée . Comment évaluer ce mouvement, cette conversion : c’est le rôle de la petite grille d’évaluation que nous avons élaborée ensemble lors de notre réunion du conseil de classe de janvier". Il faut préciser un peu cet outil d'évaluation dans le cadre d'un tel projet.


Évaluation de la progression des élèves en seconde de méthodologie.

Lors de la réunion de milieu d’année de l’équipe de professeurs, juste avant le conseil de classe, la question de l’évaluation des élèves a été posée : fallait-il une évaluation « douce » pour entretenir leur motivation mais au risque de leur cacher la réalité de leur niveau, ou valait-il mieux les noter sans concession, au risque de les décourager ? N’ayant pas travaillé avec ces professeurs l’évaluation formative, ou mieux encore « formatrice », je laissais la question en suspens. Je rappelais seulement le principe que l’année de seconde est une année de transition entre le collège et le lycée. En effet, les élèves ne sont réellement des « secondes » qu’à la fin de l’année, lorsqu’ils ont modifié leurs « logiciels » de collège pour adopter ceux du lycée. L’important dans cette classe est alors d’évaluer une évolution, une dynamique, et non des résultats bruts qui en eux-mêmes n’indiquent pas grand-chose de la mutation qui doit s’opérer pour ces collégiens en difficulté pour qu’ils deviennent de vrais lycéens en voie de réussite.

Auparavant, un tour de table avait permis aux professeurs d’exprimer leurs impressions sur les élèves après les deux premiers stages (le troisième restant à venir). Globalement ils s’accordaient à reconnaître chez leurs élèves des changements en profondeur, même si les effets ne se faisaient pas encore bien sentir dans les notes. Ils remarquaient particulièrement une meilleure attention en cours chez certains malgré des problèmes de discipline dans l’ensemble, une meilleure lecture des consignes, une attitude positive vis-à-vis des erreurs, les élèves comprenaient qu’ils ne comprenaient pas l’exercice ou la consigne, ils posaient davantage de questions…

J’écoutais sans intervenir ces constats qui représentaient pour moi une évaluation positive des objectifs des stages précédents.

Je repris alors les contenus de ce tour de table, en les regroupant de façon à former une sorte de « portrait-robot » de ce que l’on attendait d’un élève dans ce type de classe en termes de savoir-faire et d’attitudes, comme autant de marqueurs de l’évolution de ces jeunes au long de l’année. Cela aboutit à une grille  permettant de porter un regard évaluateur sur cette évolution.

SAVOIR…
++
+-
--
… participer et s’accrocher



… poser les questions, s’interroger, avouer ne pas comprendre



… faire le jeu des hypothèses et les vérifier



… faire des efforts pour surmonter un obstacle,



… mieux lire les consignes



… se taire, être attentif, être réactif



… réutiliser les connaissances dans le bon contexte




Les professeurs ayant approuvé cette proposition, la grille fut expérimentée dès le conseil de classe qui suivait la réunion. Elle fournit un élément supplémentaire qui vint compléter et comme « humaniser » la sécheresse des colonnes de notes et de moyennes : derrière ces chiffres une personnalité, "cognitive" tout au moins, se dessinait, une évolution se concrétisait.

La satisfaction des professeurs et des élèves présents ayant été générale, cette grille nous servit pour les conseils suivants. Elle permit de mesurer des évolutions individuelles parfois spectaculaires, que les notes ne reflétaient pas encore, et d’accompagner positivement les élèves qui s’étaient mis en mouvement, tout en pointant pour mieux les accompagner ceux qui n’avaient pas encore pris le départ ou qui rencontraient encore trop de difficultés pour "démarrer".

Dans cette classe, jusqu’à l’an dernier, le projet déjà ancien était « le bac en quatre ans », c’est-à-dire que les élèves doublaient quasi systématiquement la seconde, très peu d’élèves étant admis en première, et encore seulement dans certaines séries réputées "moins exigeantes "(!). Cette année, avec l’apport des stages et l'aide de quelques professeurs rapidement formés l’an dernier, 18 élèves sur 29 sont entrés dans la première de leur choix (2 en ES, 7 en S, 8 en STMG, 1 STSS) , 10 élèves doublent la seconde, une élève a été réorientée.

Cette grille devra sans doute être retravaillée, affinée, complétée… Mais déjà il est sûr qu'elle représente un précieux élément d'appréciation et d'accompagnement de l'évolution d'élèves qui souvent reviennent de très loin.

lundi 7 juillet 2014

78 - L’heure des bilans… La réouverture des possibles !

En cette fin d’année, comme tous les ans, un bilan approfondi a été fait dans les deux classes de secondes « de méthodologie » que j’ai accompagnées cette année, à Toulouse et à Bordeaux. Sur la base d’un questionnaire, chaque élève à pu faire une relecture sérieuse de son parcours et revisiter les différents aspects méthodologiques de l’accompagnement qui lui a été proposé au cours des stages et par l’équipe de professeurs. Après cette étape individuelle, chacun a été invité à comparer son état actuel à celui où il se trouvait en début d’année : « moi en septembre – moi en juin ». Un tour de table a permis à chacun, devant ses camarades et l’ensemble des professeurs, de formuler son bilan personnel. En voici les extraits les plus significatifs, bien qu’il s’agisse ici de témoignages écrits dans le bilan individuel, qui ne reflètent qu’en partie seulement la qualité des témoignages oraux :

Bilan personnel. Moi en Septembre – moi en Juin.:
  • ·        avant : enfantin – stupide – ne réfléchit pas. Aujourd’hui : Plus mature – moins stupide ou même plus du tout – réfléchis plus sur moi-même et sur les autres, sur ma façon d’être.
  • ·        En septembre : un garçon immature qui se cherchait, qui n’avait pas confiance en lui. Aujourd’hui, un garçon beaucoup plus mature qui s’est trouvé et qui a pris confiance.
  • ·        En septembre je ne connaissais pas du tout les stages de méthodologie. J’étais peu autonome, timide, inquiète sur mon orientation : je n’avais pas confiance en moi. Aujourd’hui j’ai plus confiance en moi, je suis plus autonome qu’avant.
  • ·        En septembre je ne connaissais pas la méthodologie, c’était quelque chose de nouveau. Durant les premières heures, je ne comprenais pas tout mais grâce aux exercices variés, j’ai pu réellement comprendre ce que j’apprenais. Plus les stages passaient, plus je comprenais. Aujourd’hui, cela m’a permis de reprendre confiance en moi et de savoir que j’avais des capacités pour réussir.
  • ·        En septembre, j’étais un nouvel élève de seconde qui ne savait pas trop où il allait, surtout pour la classe de méthodologie où l’on m’en avait parlé juste vaguement et où l’on m'avait dit que j’étais un profil pour y rentrer. Je n’avais pas trop confiance en moi mais après le premier stage et m’être intégré dans cette classe, j’ai gagné en maturité et cela m’a apporté beaucoup en assurance et en prise de conscience.
  • ·        En septembre, j’avais peur de décevoir ou de ne pas réussir, mais avec l’envie quand même de m’en sortir. Curieux de la méthodologie, intéressé. Maintenant je suis plus serein, plus confiant, pas gagnant mais confiant. J’ai plus d’envie qu’avant.
  • ·        Avant je tâtonnais pour le travail et les notes étaient irrégulières. Après deux trimestres, les stages, et à l’aide de moi-même, m’ont permis de prendre confiance en moi, de me motiver et de me dire : « oui, je vais réussir, je sais comment faire, je sais appliquer ». J’ai aujourd’hui ma propre méthode de travail et je sais faire face aux difficultés, je pense que ce n’est pas le monde qui bouge, mais nous qui bougeons et nous sommes nous-mêmes la clé vers la réussite.
  • ·        En septembre j’ignorais tout de la méthodologie. Je ne savais pas que apprendre comportait de multiples étapes, qui une à une m’ont aidé à améliorer cet apprentissage.
  • ·        Avant : des petites bases de méthodes d’apprentissage. Maintenant : les méthodes se sont solidifiées au fur et à mesure de la découverte des stages.
Tous les adultes présents ont été frappés par la sincérité, la profondeur de l’analyse et la grande lucidité qui ont imprégné tout ces témoignages. Au-delà de la réussite purement scolaire (voir ci-dessous les résultats de la classe 2011 -2012), on peut dire que la Gestion Mentale apporte à ces jeunes une confiance en eux-mêmes, une maturité et une véritable autonomie qui leur permettent de s’épanouir et de « croître dans leur être », à leur rythme et en fonction de leur désir profond. Ils se sont « réouvert tous les possibles » et s’en montrent particulièrement heureux !

Résultats du bac des élèves ayant suivi la classe de méthodologie (Toulouse) durant l’année 2011 – 2012.
Comme tous les ans, le suivi de chaque promotion est fait par les professeurs. Cette année sur les 24 élèves de l’année 2011 - 2012, 19 ont réussi le baccalauréat normalement en trois ans, (dont 1 mention TB, 5 mention B et 2 mention AB). Et cela selon les séries dans lesquelles ces élèves
s’étaient orientés :
·        2 en L,
·        1 en ES,
·        3 en S
·        9 en STMG,
·        4 en STSS,
·        2 en STIdd,
·        2 en STAV,
·        1 en Bac Pro

Au départ ces jeunes avaient connu des difficultés importantes au Collège (et même pour certains à l’école primaire) et leur passage en lycée général avait été très problématique. A voir le résultat trois ans après, conforme aux autres années depuis 2006,, on ne peut conclure qu’à la pertinence du projet de cette classe « de méthodologie », fortement structuré par le modèle PEGASE qui est une application « pédagogique » de la Gestion mentale d’A. De LA GARANDERIE.


189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...