mercredi 27 décembre 2023

185 - Ateliers de lecture d'énoncé et d'écriture en séances de "méthodologie" (réveil de l'activité mentale) : les exercices que j'utilise.

Voici les exercices que j'utilise dans ces deux ateliers.

Atelier de lecture d'énoncé.  (Voir Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux, pages 164 et suivantes)

Cet atelier a pour but de faire prendre conscience aux élèves de leurs erreurs habituelles dans la lecture des énoncés  avant toute résolution de problème (toute phrase entendue ou lue est un "énoncé", oral ou écrit, mais le terme est souvent attaché à l'exposé des données d'un problème à résoudre).

Dans un premier temps, je demande aux élèves de me dire ce que veut dire "le cheval galope dans la prairie accompagné par le chien qui aboie joyeusement à ses côtés". Ils le font aisément et un petit dialogue collectif fait rapidement apparaître les manières différenciées qu'ils ont utilisées pour me comprendre. Je leur fais remarquer que pour le comprendre ils ont tous "traduit" l'énoncé (image mentale concrète, commentaires verbalisés intérieurement, image auditive des aboiements, ressentis du mouvement du galop...). De même, toute lecture d'énoncé est donc une traduction en "objets mentaux" personnalisés. Mais il y a à cela des obstacles qu'ils rencontrent régulièrement au moment de leurs évaluations. Lesquels sont-ils ?

Premier exercice. À la recherche du diamant vert.

Objectif : nous avons des habitudes de lecture qui sont parfois des obstacles à une bonne compréhension d'un énoncé.

Il s'agit d'un exercice tiré d'un dispositif destiné au passage CM2-6°, ce qui est indiqué dans le coin droit (mais les élèves n'y prêtent aucune attention jusqu'à ce que je le leur indique après qu'ils ont bien séché pour trouver le bon sens de lecture, qui est ici en diagonale alors que nous lisons habituellement horizontalement et de gauche à droite). Effet garanti ! 

Deuxième exercice. Les directives.

Objectif : lorsque le travail est en temps limité, la tendance à la précipitation est le principal obstacle à la réflexion des élèves.

J'annonce aux élèves que cet exercice devra se faire rapidement et que je le chronomètre (ce que j'affecte de faire ostensiblement au début, avant qu'ils ne se mettent au travail après mon "top départ"). C'est un exercice très connu, mais dont l'effet est toujours aussi percutant.  Les élèves qui le connaissent prennent des "airs entendus". Je leur demande de ne rien en laisser paraître et de faire l'exercice comme s'ils le découvraient pour ne pas priver leurs camarades de l'expérience de leur pire ennemi : la précipitation dans l'action immédiate (projet de résolution et non de réflexion). L'exécution des consignes saugrenues au cours de l'exercice donne lieu à des situations cocasses qui déclenchent quelques fou-rires difficilement dissimulables... On apprend aussi bien en s'amusant.

Immanquablement, les élèves se rendent compte à la fin qu'ils n'ont pas bien "lu" la première directive qui leur demandait seulement de lire les autres consignes et non de les exécuter. L'ambiguïté du mot "accomplir" dans la première phrase est assez proche de l'imprécision de certaines de leurs consignes scolaires habituelles…

Troisième exercice.  La semaine rouge à Chicago. (Exercice tiré des Ateliers de Raisonnement Logique (ARL) d'Higelé qui fournissent beaucoup de mes mises en situation, notamment celles de l'atelier d'écriture )

Objectif : lorsque les informations sont trop nombreuses, il faut les réduire, les "traduire" sous une forme simplifiée,  en schéma ou en tableau (cela vaut aussi bien pour la mémorisation de cours volumineux). Dans cet exercice, c'est un tableau à double entrée qui permet la simplification, la classification de données particulièrement touffues et volontairement compliquées et alambiquées. Les premiers élèves à trouver la solution ne sont pas toujours les habituels "premiers de la classe". Il est important de  mettre en valeur leur manière originale de penser, plus globalisante, spatialisante, habituellement prise en défaut par la linéarité discursive de la plupart des disciplines et de la façon habituelle de les enseigner.

L'atelier se termine avec la lecture d'un énoncé tiré de l'une des disciplines scolaires de leur programme actuel. Ils sont invités à y investir (transférer) les découvertes qu'ils viennent de faire sur leurs défauts habituels. La réussite est généralement au rendez-vous, confirmation qu'ils ont commencé à changer quelque chose dans leurs (mauvaises) habitudes de lecture d'énoncé au moment des évaluations. 

Atelier d'écriture.

J’ai décrit le détail de cet atelier dans « Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux », pages 191 – 192. Je rappelle brièvement le principe : l’atelier se déroule en quatre temps ; la classe est séparée en deux groupes de même nombre (en cas de nombre impair, un adulte présent pourra remplacer l’élève manquant ; chaque groupe reçoit un énoncé de problème à résoudre. Je mets ici ceux que j’utilisais dans les dernières années après en avoir expérimenté d’autres moins performants :

- premier groupe : la pesée des chatons.

- deuxième groupe : les carrés magiques.

 Dans les deux cas, il s'agit des mêmes opérations : comparer deux objets  les plus proches d'apparence (tous sont égaux en quantité, poids ou somme), en éliminer les aspects identiques et substituer des valeurs concrètes ou abstraites au restant (comparaison, élimination, substitution). On retrouve ces opérations dans les résolutions d'équation en sciences. Pour l'attribution des énoncés aux 2 groupes, je demande qui sont les meilleurs en maths pour leur donner les "carrés magiques"...

Chaque groupe reçoit un problème. Chaque élève doit d’abord le résoudre avant de rédiger quelques lignes pour aider un futur lecteur (dans l’autre groupe, mais qu’il ne connaît pas encore) à comprendre comment il pourrait atteindre la solution.

Premier temps : résolution . Au début les élèves travaillent seuls. Si certains ont des difficultés, on invite ceux qui ont trouvé la solution à aider ceux qui sèchent encore. Au besoin, par quelques indications, on aide le groupe qui serait en difficulté dans son ensemble.

Deuxième temps : rédaction . Lorsque tout le monde a trouvé la solution, on propose aux élèves de ressaisir mentalement leur démarche (pause évocative) puis, de rédiger un raisonnement à l’intention d’un lecteur inconnu. Dans les deux groupes, chaque élève est à ce moment-là rédacteur- écrivain.

Troisième temps : lecture-compréhension. Lorsque les deux groupes sont prêts, on échange chaque rédaction avec un élève de l’autre groupe (non désigné à l’avance, pour conserver jusqu’au bout l’anonymat du lecteur). Chaque élève devient alors « lecteur- évaluateur » du travail d’un camarade de l’autre groupe, dont les indications sont censées lui faciliter la résolution du problème.

Quatrième temps : évaluation-discussion. Lorsque tout le monde a fini de lire et de résoudre le problème à l’aide des indications plus ou moins claires du camarade, on réunit les deux groupes chaque écrivain-lecteur rencontrant son homologue lecteur-écrivain. Chacun à tour de rôle fait alors les remarques sur ce qu’il a lu et la plus ou moins grande clarté des indications, si elles ont ou pas aidé à la résolution du problème, etc. Cette dernière étape est particulièrement réjouissante pour les observateurs : la sévérité des élèves envers leurs camarades est beaucoup plus réelle que celle (supposée) de leurs correcteurs habituels ! Et ils s'en souviendront quand ils écriront "pour de vrai"... 


 

mardi 19 décembre 2023

184 – Un entretien inédit avec Antoine de la Garanderie où il est question du sens, sa promotion et l'accompagnement de sa recherche.

 Au détour des années 2000, un certain nombre de formateurs et praticiens de la Gestion mentale se réunissaient régulièrement autour d'Antoine de la Garanderie pour échanger avec lui sur ses recherches et lui poser les questions issues de leur pratique de terrain. Ils en ressortaient toujours avec beaucoup d'idées et des pistes de travail ou d'expérimentation, qu'ils partageaient ensuite avec lui lors de la rencontre suivante. C'est ainsi que le 30 janvier 2000, la question portait sur le "sens" : qu'est-ce que le sens ? Qui en est le détenteur ? Comment et où le trouve-t-on ?... 

J'avais enregistré une grande partie de cette rencontre. Depuis, beaucoup d'eau avait coulé sous mes ponts ... ou de sable sous les sabots de mon cheval... et j'avais oublié la microcassette au fond d'un tiroir… Tout dernièrement, lors de l'écriture de mon livre, (Re)trouver le sens au cœur de la classe, et à l'occasion de la recherche d'un document qui avait rien à voir, je suis tombé sur cette cassette...N'ayant plus le dictaphone approprié, je me demandais ce que je pourrais bien en faire mais, assez peu consciemment, quelque chose en moi  me disait  que ce serait peut-être intéressant d'aller y voir de plus près. Quelque temps après, au hasard d'une conversation, j'en parle avec mon fils… qui justement venait d'acheter en brocante un de ces lecteurs-enregistreur de microcassette d'un autre temps... Il n'y a pas de hasard ! Je me suis donc mis à réécouter cet enregistrement… et j'y ai trouvé ce qui convenait très exactement à ma première partie : les paroles d'Antoine, vieilles de plus de 20 ans, complétaient à merveille ma réflexion sur la brûlante et très actuelle nécessité du retour de la conscience et du sens dans nos vies et à l'École. 

On trouvera donc de larges extraits de cet entretien dans mon livre. Mais l'ensemble de l'enregistrement est intéressant et j'ai donc décidé de faire numériser cette cassette, fort bien conservée par ailleurs (la poussière d'un fonds de tiroir est un excellent conservateur de bandes magnétiques…). J'en recevrai le résultat au moment de la sorte du livre en librairie.

Je mettrai ici la totalité de cet entretien, auquel par ailleurs je renvoie le lecteur de mon livre. Affaire à suivre, donc...

jeudi 14 décembre 2023

183. Conférence pour le Colloque IIGM 2023 et la suite.

 L'IIGM (Institut international de Gestion mentale) est un organisme qui regroupe, au-delà de la France seule, des personnes qui ont accompagné de son vivant le créateur de cette approche humaniste de la conscience, Antoine de la Garanderie, mais aussi des praticiens, des formateurs, des enseignants ou simplement des personnes intéressées par la prise en compte de la conscience humaine dans les activités de la vie quotidienne,  particulièrement dans les apprentissages scolaires. Cet organisme génère des activités de tous ordres destinées à promouvoir cette approche humaniste de la société et de l'éducation (on en trouvera le détail sur son site : iigm.org.) Il coordonne également des activités d'organismes de formation répartis dans l'ensemble du pays et de la communauté francophone.  L'IIGM organise régulièrement des regroupements, des "colloques", qui permettent aux adhérents ou aux sympathisants de se tenir informés des évolutions de la recherche en ce domaine, de réfléchir à leurs pratiques ou de partager des expérimentations de terrain.

Pour le 15e colloque de l’IIGM , les 9 et 10 décembre 2023, les organisateurs m’avaient demandé de présenter ce que j’appelle la « VM (vie mentale) attitude », c’est-à-dire la visée de sens, l'intention particulière qui doit présider à toutes les utilisations de la Gestion mentale d’Antoine de la Garanderie. Dans un monde dominé par un modèle capitaliste de rentabilité immédiate, un consumérisme effréné et l’irruption d’innovations technologiques qui mettent en danger notre humanité, notre École a totalement chassé de ses pratiques la vie mentale, expression de la conscience "cognitive" des élèves. En cela, elle a été bien aidée  par la psychologie béhavioriste (comportementalisme) qui depuis le début du XX° siècle a écarté cette conscience de ses recherches et préconisations. Prise au dépourvu et sérieusement déstabilisée lors de sa (juste) démocratisation-massification des années 1960, notre Ecole s'est, malheureusement,  raccrochée à cette psychologie pour s'en inspirer dans des pratiques pédagogiques "de masse". Il en résulte une perte de sens généralisée chez les élèves, et par contre-coup chez les enseignants (qui par ailleurs, hélas, ont d'autres raisons plus "administratives" de se détourner du "plus beau métier du monde"). Plus largement, cette perte de sens est constatée également dans d’autres secteurs de nos sociétés occidentales européennes.  C'est pour cela que des philosophes, des sociologues, des écrivains célèbres appellent de tous côtés à remettre la conscience humaine à l’ordre du jour.

La Gestion mentale proposée par Antoine de La Garanderie est le (seul) moyen de la prise en compte explicite dans les apprentissages de la conscience de l’homme et de la vie mentale qui en est la substance. Mais son utilisation  suppose une attitude profonde, une conception humaniste qui éclaire et « justifie » (au sens d’aligner) nos différentes postures d’accompagnement : c’est la VM attitude que je propose. Elle est une conception de l’homme qui vise à mettre sa conscience, sa vie mentale, au cœur de son rapport au monde. En particulier dans les apprentissages, la VM attitude permet d’utiliser la Gestion mentale avec nos élèves, avec les enfants que nous accompagnons, pour en faire un moyen de libération de leurs potentialités de promotion du sens. Cela permettra de remettre notre école et, à travers elle, notre société, sur les voies d’un rapport au monde plus authentique et plus libérant.

Voici les deux volets de cette conférence de pré-colloque et leur suite lors du Colloque le 9 décembre. Dans ces trois interventions je livre un peu du contenu de mon prochain livre à paraître le 25 janvier 2024 :

1.          1.    Mon exposé du 16 novembre (j’étais aphone depuis plusieurs jours et j'avais retrouvé un peu de voix le matin même de la conférence… d’où quelques difficultés à être très audible) :

Conférence de pré-colloque 1. Mon exposé.

2.             2.  Les questions que m’a posées Laure Duteil, (comme Claudie Berckmans et Mikel Erramouspé, elle a suivi de près la préparation de cette conférence à travers nos échanges à propos de l’écriture toute récente de mon prochain livre qui paraîtra le 25 janvier 2024).

Conférence de pré-colloque 2. Echange avec Laure.

3.   Lors du colloque lui-même, le 9 décembre, un moment était consacré à la réponse à des questions qui auraient été posées entre ces deux dates. Ici encore, Laure s'en est fait l'interprète.

Réponse aux questions lors de la première matinée du colloque, Samedi 9 décembre 2023

 

189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...