vendredi 25 septembre 2020

155 – Ouvrir les élèves au sens de la dissertation.

Bien avant d'écrire Accompagner…, j'avais expérimenté le modèle Pégase dans des configurations variées avec des collègues enseignants dans plusieurs classes de lycée. Je retrouve aujourd’hui en rangeant des archives, le compte rendu que j’avais réalisé autour de 1995 après un module réalisé avec une enseignante d’histoire-géographie dans une classe de seconde. C’est une étape importante pour ces jeunes que d’aborder la "production écrite" qu’est la dissertation. En effet, ils en ont une conception le plus souvent erronée, jamais exactement la bonne, du genre : « Redire le cours du professeur d’une manière plus compliquée ». Et de fait, pour compliquer, ils savent le faire… . Mais plutôt que de le leur reprocher, il convenait de les éclairer sur le sens de cet exercice si particulier, complexe et difficile. Voici comment nous nous y sommes pris au cours de qu’on appelait à l’époque des "modules", c’est-à-dire un temps consacré à de la méthodologie en groupe restreint (1/2 classe le plus souvent). (Pardon pour la qualité de la numérisation...). 

Bilan d’un travail en gestion mentale dans un module de seconde sur le sens de la dissertation.

N.B. Je ne sais si cet exercice a toujours cours en 2020... mais le principe peut être adapté à d'autres types de productions écrite : avant de donner des indications pratiques de rédaction et des critères d'évaluation (ce qui n'est pas toujours le cas...), D'ABORD penser à régler la question du sens... soit éviter de mettre "la charrue avant les boeufs"".... principe intangible de toute méthode ! 


dimanche 20 septembre 2020

154 - Origine du modèle des 5 questions de la compréhension (vidéo).

 

J'ai déjà signalé dans mon message précédent 153 que ce modèle rencontrait un certain écho chez des enseignants de tous niveaux, du primaire au supérieur. Je voudrais ici remonter à son origine en la précisant.

 L’origine du "modèle des 5 questions" remonte aux années 1989-1990. Le livre Comprendre et Imaginer -Les Gestes mentaux et leur mise en œuvre d’Antoine de La Garanderie était sorti deux ans plus tôt et je l'avais trouvé particulièrement éclairant. Depuis longtemps déjà intéressé par "la pédagogie des moyens d'apprendre" dont je voyais les jeunes de plus en plus démunis (déjà à cette époque...), tout comme pour ses ouvrages précédents, je m’en étais aussitôt servi avec les élèves dont j’avais la charge dans mon lycée, de la seconde au BTS.

Parallèlement, durant les années 1989- 1991, j’étais en formation au Profil pédagogique à l’Institut Supérieur de Pédagogie de Paris où je rencontrais régulièrement l’auteur de la gestion mentale. Je lui avais exposé mon idée que les bons élèves avaient probablement un projet de compréhension aussi complet que possible, et qu’ils devaient donc mettre en œuvre, sans exclusive, tous les projets de compréhension de façon à accéder à la totalité des sens de ce qu’ils apprenaient. J’étais fidèle en cela à ses enseignements : chacun met en œuvre des projets de sens préférentiels, qui doivent être découverts, reconnus et valorisés, mais qui sont  souvent incomplets et donc insuffisants pour une compréhension pleine et entière (et donc des transferts, des réutilisations insatisfaisantes). Pour aider une personne à accéder à une compréhension la plus complète possible, il faut donc, après avoir reconnu ses projets préférentiels (explication, ou application, ou finalisation, etc.), l’amener à considérer les autres projets qui ne sont pas dans ses habitudes et l’exercer à les pratiquer pour élargir et diversifier son accès au sens. Fort de ses encouragements, j'ai par la suite "formalisé" ce modèle dans un article envoyé à la Revue Gestion Mentale n°6  (Bayard, 1994) dont le comité de lecture, dont Antoine lui-même, l'a accepté et publié : Comprendre et réutiliser ses connaissances" (voir Message 56 de ce Blog). Je l'avais aussi exposé, mais sans le développer, dans mon premier livre "Découvrez votre méthode de travail" (Le Rocher,1991).

Il se trouve qu'à l’époque j’avais en charge en tant que son "tuteur" *  un élève qui réussissait particulièrement bien et qui faisait l’admiration non seulement de ses camarades mais également de ses professeurs. J’avais réalisé en fin d’année une vidéo d’un entretien avec cet élève dans laquelle je l'aidais à exposer la gestion** si performante de son activité mentale, vidéo que l’on peut voir dans mon message 8 : "Entretien-profil avec un bon élève" (mes interventions visent à l'aider à s'exprimer, mais également à rendre son témoignage plus explicite et communicable à d'éventuels futurs visionneurs).

Au cours de cet entretien, ce jeune, bel exemple du "bon élève" si apprécié des enseignants (et des futurs recruteurs...), a exprimé avec beaucoup de clarté un projet de compréhension très complet dans lequel il mettait en œuvre à égalité d'intensité les recherches de sens d'explication et de finalisation - "Pourquoi ?" et "Pour quoi faire ?", les "tenants et aboutissants" d'une connaissance - mais aussi  de relation ("Avec quoi ?") et d'identité ("C'est quoi ?"). Seul manquait à l'appel, comme légèrement en retrait, présentant moins d'intérêt à ses yeux : le projet d'application ("Comment ?"), concernant le seul mode d'emploi, les exercices… qui l'ennuyaient un peu... Ce déficit d'intensité permettait d'expliquer à la fois une certaine lenteur d'exécution et parfois quelques maladresses , tout comme un léger sentiment d'insécurité, au moment des contrôles, des examens.

J'ai extrait de l'entretien-vidéo - et je mets en ligne ici - cette seule partie concernant ce qui n'était pas encore le "modèle des cinq questions", mais qui en marque l'origine : Origine du modèle des 5 questions de la compréhension.

* dans un "tutorat", 18 élèves, soit une demi-classe de seconde, dont j'étais une sorte de professeur principal. Cette structure avait été mise en place en 1973 lorsque le Lycée avait lancé une expérimentation dans ce niveau de transition ; les élèves étaient répartis en groupe de niveau dans toutes les disciplines ; le "groupe-classe" traditionnel n'existant plus, cette atomisation sociale exigeait de réunir les élèves en groupes restreints autour d'un adulte référent qui assurait le suivi de leur scolarité et de leur vie lycéenne en général. Cette expérience a été reprise par la suite dans le tronc commun de la réforme Beullac en 1981. L'intérêt du tutorat pour les élèves étant manifeste, la structure a survécu dans notre lycée après 1981 et j'ai assuré la fonction de "tuteur" de 1983 jusqu'à ma retraite en 1999. J'ai eu là un terrain d'observation idéal pour nourrir ma réflexion et mettre en pratique mes diverses découvertes pédagogiques, et particulièrement celle de la Gestion mentale. Les responsables des études affectaient dans mon groupe des élèves un peu en difficulté scolairement ou ayant des problèmes de comportement (pré-décrochage), ce qui était déjà ma spécialité... mais on y comptait aussi des élèves sans problèmes particuliers et même de très bons !

** Le terme "gestion" renvoie à deux interprétations différentes et complémentaires :

- d'un coté, l' "économie" d'une activité, ici mentale, qui mène à une bonne utilisation de ressources naturelles et à leur développement harmonieux ;

- d'un autre coté, les "gestes" (gestuelle alors, mieux que gestion) accomplis dans une activité, physique ou mentale, qui permettent justement cette utilisation harmonieuse des ressources disponibles.


189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...