samedi 25 juin 2011

37 - Q-Sort sur les représentations et recherche de profil, en entretien individuel.


Julie est en seconde. Selon ses professeurs elle a quelques difficultés en « raisonnement » et en expression écrite. Elle souffre d’une dyslexie ancienne, maintenant peu évidente. Elle complique ses productions, est maladroite dans sa prise de notes, répugne aux exercices….  Rien d’extraordinaire au demeurant, mais suffisamment gênant pour que les parents, médecins tous les deux, s’en inquiètent… depuis longtemps déjà. En plus de leur accompagnement très présent, ils ont eu recours à plusieurs aides extérieures: orthophonie bien entendu, médecine de la mémoire ( !), professeurs-répétiteurs divers…
Julie vient avec sa maman. Je reçois une jeune fille au regard éveillé, se tenant droite, le sourire rayonnant…  Assez loin de ce que j’avais imaginé après l’entretien téléphonique avec sa mère. Après un échange préliminaire, et avec l’accord explicite de Julie et de sa maman, j’ai tenté une expérience à partir du Q-Sort sur les représentations lycéennes (voir message 19). 

Habituellement, je reçois les adolescents de cet âge sans leurs parents. Mais la proximité mère-fille évidente et apparemment non contrainte m’a incité, cette fois, à leur proposer de remplir le Q-Sort chacune de leur côté. Premier résultat : si quelques rares choix étaient identiques, le plus gros des réponses manifestaient des écarts de conception assez importants. La discussion qui suivit sur chaque point fut l’occasion pour Julie de prendre conscience de cette partie ignorée d’elle-même, et de lui montrer qu’elle avait droit à cette différence avec sa mère, à cette  autonomie de pensée.
Prise de conscience aussi pour la maman qui a réalisé combien l’aide qu’elle apportait à sa fille était inadaptée tant à sa fille elle-même qu’aux vrais enjeux scolaires... qu’elle méconnaissait, comme tant de parents de bonne volonté ! Les souvenirs de sa propre scolarité étaient son seul guide… Et, de surcroît,  il apparût très vite que le fonctionnement mental de Julie était à l’opposé du sien, qu’elle découvrait en même temps que sa fille.

Mais ce qui m’a surpris, c’est qu’à partir de nos échanges sur ses choix de réponses, nous avons pu faire émerger très rapidement les grandes lignes de son profil cognitif : visuelle - globalisante - expliquante - opposante - intuitive… La réflexion est pour elles deux un geste tout à fait inconnu (dans sa formulation) et Julie ne le pratique jamais de façon explicite, se fiant à son intuition, souvent juste d’ailleurs. Mais du coup ses difficultés en expression écrite, ses raisonnement alambiqués, les « détours» contre-productifs de sa pensée  s’éclairaient d’un nouveau jour.

Le reste de nos deux entretiens, le second sans la maman, fut consacré à poursuivre la résolution du conflit entre les représentations empiriques érronées qui faussaient l’activité intellectuelle de Julie, et celles que Pégase permet de leur substituer, en toute conscience et en faisant appel à son « esprit critique ». Je ne sais ce qu’il adviendra de Julie, mais je suis sûr maintenant que si des difficultés persistent, ce ne sera plus du fait de ce « complexe impur de ses intuitions premières », pour reprendre l’expression bachelardienne (cf message 23).



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