Poursuivant ma lecture du petit carnet noir à l'écriture serrée de l'aïeule de mon amie, maîtresse d'école de son état en ce début de XX° siècle, je tombe sur cette conférence pédagogique du 18 octobre 1909, dont le sujet est la relation du maître avec les parents. Elle vaut son pesant de bon sens et de brûlante actualité. On y trouvera pêle-mêle : l'absentéisme comme une des sources du décrochage scolaire, le besoin d'utilité des savoirs transmis aux plus âgés, l'absolue nécessité "d'unité de conscience" (sic) entre les parents et les enseignants, de franche collaboration, et même de cordialité entre eux, avec cette image forte et tellement représentative de cette époque disparue, de "la main blanche et fine" (re-sic) de l'instituteur serrant avec estime "la main calleuse du travailleur" (re-re-sic). On notera la création d'associations de "pères de famille"... les temps ont changé...Sans oublier l'appel au patriotisme : cinq ans après éclate la première guerre mondiale qui scellera la réconciliation de l'instituteur, du curé et du travailleur dans la fraternité cimentée par les souffrances et la boue des tranchées. Mais pour combien de temps ?
Conférence
pédagogique du 18 octobre 1909
Rapport du maître avec les parents
Les associations des Pères de famille qui se fondent un peu
partout ont donné l’idée du sujet de la conférence.
Les associations créées dans le but de soumettre
l’instituteur à une surveillance étroite, tant au point de vue de son
enseignement que des livres qu’il emploie, et de lui créer des difficultés, si
possible, ne doivent pas nous effrayer outre mesure.
Si nous avons su gagner, conserver et fortifier la confiance
et la sympathie les familles, les associations ne sont pas bien à craindre.
Moyens pour gagner cette confiance.
Pour cela, plusieurs moyens sont à notre portée :
1. Réclamer
le concours des parents dans le but que nous poursuivons. Mais cela avec
mesure. Nous ne devons pas les laisser s’ingérer dans notre façon d’enseigner,
dans notre manière d’appliquer des méthodes. Pour accomplir sa tâche, l’instituteur
a fait des études spéciales et très longues que les parents n’ont pu faire. Ils
ne peuvent donc ni surveiller, ni contrôler le maître. Sur ce point là, n’admettre
ni discussion ni explication, elles ne sont pas possibles.
Mais on peut leur demander de veiller au travail que l’enfant
fait à la maison. Ils doivent se rendre compte si l’enfant sait ou ne sait pas
ses leçons ; s’il a accompli le travail à lui imposé : problèmes, cartes, etc.…
Et s’il est fait d’une façon convenable.
2. Les
entretenir souvent de la fréquentation scolaire. Un petit nombre de
parents comprennent le mal qu’ils font à leurs enfants en leur faisant manquer la
classe. Leur expliquer que l’enseignement est un enchaînement qu’il faut suivre
d’un bout à l’autre. La leçon de la veille explique celle du jour comme
celle-ci expliquera celle du lendemain. Si l’enfant perd un jour, c’est un
chaînon qu’il perd et qu’il ne remplacera pas. Ne pouvant comprendre la leçon
le jour où il sera à l’école, il se dégoûtera, fera un mauvais élève.
Nous savons tous qu’il est des conditions économiques contre
lesquelles il est difficile de lutter : besoin qu’a la famille du travail de l’enfant, misère, etc.… Contre cela, utilité des
cantines scolaires, des fournitures gratuites, etc.
Mais l’instituteur surtout peut beaucoup pour assurer la
bonne fréquentation de son école. C’est lui qui doit faire comprendre à l’enfant
le tort qu’il se fait à lui-même en manquant la classe. Et si les enfants
prennent intérêt aux leçons faites, ils seront nos meilleurs avocats auprès de
leurs parents. Et ces derniers regretteront davantage d’être obligés de les
garder s’ils voient le chagrin de l’enfant à manquer l’école.
3. Cours
d’adultes. Les cours d’adultes nous sont aussi un bon moyen de gagner la
confiance des parents. Mais pour ces cours, utilité qu’il y a à faire
collaborer les jeunes gens à l’emploi du temps. Ils demandent que toutes les
connaissances qu’on veut leur faire acquérir aient une valeur pratique, utilisable.
Il faut donc leur apprendre à arpenter, à cuber… il faut leur montrer la
manière de dresser un bail, d’écrire un reçu, une lettre d’affaires, etc.…
4. Communication
avec les parents. Il existe dans certaines écoles un carnet de
correspondance à peu près inutile dans les écoles rurales. les enfants le font
signer ou non, par leurs parents ou des étrangers, etc. Le travail demandé à l’instituteur
n’est plus en rapport avec le bénéfice qu’on peut en retirer. On peut se servir
du cahier mensuel. À la fin du mois, l’envoyer chez les parents avec une note
particulière sur l’application, le travail de l’enfant. L e mois où la note
sera trop mauvaise, se dispenser d’envoyer le cahier, tout en prévenant l’enfant
qu’on le montrera à ses parents. Cela pour ne pas l’exciter à user d’ une
supercherie, etc.
5.
Il doit encore chercher à obtenir unité de
conscience dans l’école et dans la famille. Ce qui a été blâmé par le
maître doit l’être par les parents.
Un enfant a un défaut. Les parents et les maîtres doivent s’entendre
pour le punir. Un enfant est menteur. Retirons- lui notre confiance. S’il s’aperçoit
qu’on ne le croit plus, même lorsqu’il dit la vérité, s’il voit qu’il n’a plus
l’estime de ceux qui l’entourent, il fera tout pour la regagner.
Un autre manque de courage, d’énergie. Le jour où nous
aurons besoin du concours d’un élève, refusons lui de nous aider et demandons l’aide
d’un autre de ses camarades qui aura su se montrer plus énergique. Et cet
enfant fera encore son possible pour se corriger
Il faudrait enfin pouvoir obtenir que
dans la famille, jamais un mot ne soit dit contre l’instituteur. Mais à son
tour, celui-ci ne doit pas avoir l’air de dédaigner le travailleur. Par sa tenue,
ses actes, ses paroles, il doit lui montrer qu’il estime. Il faut qu’il règne
entre les parents et le maître une franche allure de cordialité.
Qu’un courant de cordialité s’établisse quand la main douce et fine serre la main calleuse
de l’ouvrier.
6. Il
faut encore avoir le souci de l’opinion. Les instituteurs sont accusés d’antipatriotisme,
d’antimilitarisme sans doute les soupçonne-t-on partisans des doctrines d’Hervé.
Eh bien, cette opinion est injuste, et il faut que l’on sache que le maître
aime et respecte la Patrie.
Bonjour Guy,
RépondreSupprimerJ'ai participé à l'une de vos formations en gestion mentale au Puzzle à Mérignac
JE veux poursuivre cette transmission.
Vous aviez parlé d'une petite fille en difficulté face à l'enseignant, et aux professeurs... et vous n'avez pas donné la fin de l'histoire que je veux connaître.
n'ayant pas vos coordonnées
voici les miennes
Farzad Felezzi
0664803881
felezzif@gmail.com