Journée des communautés
éducatives à Cambo-les-bains
le 6 décembre dernier, une journée de formation sur les neurosciences et la pédagogie des
gestes mentaux, organisée par Mikel Erramouspe et l'équipe du Collège Saint-Michel Garricoïtz, a regroupé tous les établissements, écoles, collèges et lycées du réseau Nive-Errobi, soit 250 enseignants, éducateurs, orthophonistes et autres membres de la communauté éducative. C'était une « première », en ce sens qu'elle réunissait deux intervenants dans des domaines qui jusque-là ne s'étaient pas encore rencontrés, du moins sous cette forme : les neurosciences et la gestion mentale.
Le matin il y a eu deux conférences plénières d'une heure et demie
chacune. L'après-midi fut consacrée à des ateliers spécifiques pour chaque niveau.
Dans la première conférence,
intitulée : "L'apport des neurosciences à la pédagogie", Pascale
Toscani a montré toutes les erreurs, toutes les fausses croyances, les
représentations inexactes ou fantaisistes que l'on peut se faire du cerveau et
de son fonctionnement, ce qu'elle appelle les "neuromythes". Les recherches
actuelles en neurosciences viennent contredire, infirmer, bousculer nos fausses
idées sur le cerveau et l'intelligence humaine. Une de ces fausses idées est
particulièrement grave pour les pédagogues : celle que les capacités du cerveau
seraient "fixées" à la naissance de manière définitive. Au contraire toutes les recherches actuelles
montrent que le cerveau est modifiable, c'est-à-dire qu'il peut se développer à
tous les âges de la vie : c'est ce que les neurologues nomment la "plasticité cérébrale". Ce ne serait pas trop grave si ces erreurs
ne concernaient que notre culture personnelle. Mais cela devient dramatique
lorsque l'on considère que l'école française dans son fonctionnement quotidien,
à tous les niveaux, est fortement influencée par ces erreurs et qu'elles
inspirent des actions pédagogiques et des jugements péremptoires, le plus
souvent négatifs, sur les élèves. On se rend compte alors de toute l’importance
qu'il y a à modifier nos représentations sur ce grave sujet. À la lumière de
ces apports scientifiques, tout à fait incontestables, Pascale Toscani conclut :
"l'Ecole ne peut plus être ce qu'elle a
été. "
Dans la seconde partie de la matinée, rebondissant sur les
propositions de Pascale Toscani, j'ai montré en quoi la pédagogie des gestes
mentaux était particulièrement favorable à la plasticité cérébrale,
c'est-à-dire au développement du cerveau. On peut le dire de manière plus
raccourcie :
"La plasticité cérébrale, c'est bien, mais comment
l'utiliser et la favoriser dans l'apprentissage scolaire ?"
Pour débuter, j'ai cité un passage du livre de Pascale
Toscani Apprendre avec les neurosciences, page 26 : "Il est fondamental que les
enseignants et les élèves comprennent le fonctionnement de leur cerveau, qu'ils
comprennent l'importance de la gestion des fonctions cognitives qui sont en jeu
dans le traitement de toute information. L'intégration active de la gestion des
fonctions cognitives nécessaires aux apprentissages facilitera la plasticité
cérébrale. "
Le modèle pédagogique à base de gestion mentale que j'ai intitulé Pégase (Projet
Global d'Apprentissage ScolairE), n'est pas autre chose que cette
"intégration active des fonctions cognitives" que sont les gestes mentaux
décrits par Antoine la Garanderie, dans un grand projet global qui englobe en
les mettant à leur juste place toutes les étapes d'un apprentissage scolaire
réussi.
Avant de développer Pégase dans ses grandes lignes, en
fonction du temps dont je disposais et eu égard à la diversité des publics concernés,
j'ai souligné deux principaux apports des neurosciences à cette pédagogie particulière :
- la fin du règne de la psychologie comportementaliste (un siècle de béhaviorisme !) avec son refus de considérer l'activité mentale (la "zone bleue", voir mon message 71) dans l'étude des apprentissages et qui a imprégné si malheureusement l'Ecole Française depuis 60 ans,
- l'hypothèse très fortement étayée de l'équivalence entre les états mentaux et les états cérébraux, qui est une confirmation tout à fait capitale de l'intérêt d'une bonne gestion des activités mentales des élèves : agir sur le mental permet d'agir sur le développement du cerveau et donc de favoriser la plasticité cérébrale.
Par ailleurs, les fonctions cognitives dont parle Pascale
Toscani sont les mêmes que celles que les neurologues réunissent dans ce qu'ils appellent la "mémoire de travail". D'où la
formule :
mémoire de travail
= fonctions cognitives = gestes mentaux = plasticité cérébrale.
Le reste de mon intervention a été ensuite la présentation
du modèle Pégase comme le moyen privilégié de redonner à l'école son véritable sens
: transmettre des savoirs certes, mais toujours en veillant à ce que cette
transition favorise le développement des fonctions cognitives et des compétences
des élèves.
L'après-midi, avec une cinquantaine d'enseignants de lycée, j'ai
repris ce modèle en faisant des
"zooms" sur quatre grands moments de l'apprentissage lycéen et la manière dont on peut les accompagner :
"zooms" sur quatre grands moments de l'apprentissage lycéen et la manière dont on peut les accompagner :
- aider au changement des représentations erronées sur l'école et le travail scolaire,
- accompagner la compréhension, particulièrement dans la compétence fondamentale de la lecture de tout type d'énoncés,
- faire découvrir et former les élèves au geste mental de réflexion en situation de résolution de problème,
- faire découvrir et accompagner l'activité de communication écrite avec son projet d'écrire "pour les autres".
Au final, une superbe journée qui a, semble-t-il, donné entière satisfaction à tous les participants et qu'on aimerait voir mise en place plus souvent !
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