mercredi 11 décembre 2019

146 - Attention... neurones... ondes cérébrales alpha... qui commande là-haut ?

Au moment même où j’écrivais mon dernier message sur l’attention avant de le publier samedi dernier 7 décembre, étaient publiés les résultats d’une recherche menée par le MIT (Massachussett Institute of Technology) concernant le contrôle par des personnes de leurs ondes cérébrales alpha au cours d’une tâche demandant de leur part une concentration soutenue. Je viens d’en prendre connaissance seulement aujourd’hui ; je ne pensais pas être d’une telle actualité… !

Voici le début de l’article :
"Dans le cadre d’une récente expérience, des chercheurs du MIT ont appris à des sujets tests à manipuler leurs propres ondes cérébrales alpha. Le but était de déterminer si une telle modification pouvait améliorer l’attention pour une tâche donnée."

Et l’hypothèse testée, la problématique (c’est moi qui souligne):
"Le lien entre l’attention et les ondes alpha avait déjà été établi dans des études antérieures. Cependant, ce qui n’était pas clair jusqu’à présent, comme le prétendent les auteurs dans un communiqué officiel, était de savoir si ce lien est un sous-produit d’un processus distinct, ou si les ondes alpha contrôlent directement l’attention."

En d’autres termes, la question était de savoir si pendant une activité d’attention un sujet pouvait maîtriser l’activité de ses neurones "par un processus distinct" ou si c’étaient les neurones dédiés (origine des ondes alpha) qui faisaient seuls tout le travail. Ou encore : Le cerveau se suffit-il à lui-même ou a-t-il besoin d'un esprit, "sous- produit d'un processus distinct", pour le diriger ?

Pour répondre à cette problématique les chercheurs proposaient à des sujets répartis en deux groupes de se concentrer sur des tâches précises (augmenter par  leur concentration le contraste d’un dessin vu sur un écran) : chaque groupe recevait une consigne différenciée. Les sujets pouvaient visualiser sur un autre écran les ondes cérébrales alpha produites au cours de leur effort (neurofeedback). Même si les sujets avaient un retour sur leur activité par ce neurofeedback, c’était bien eux qui appliquaient consciemment et mentalement les consignes qui leur étaient données.

Je ne m’étendrai pas sur l’utilisation de ces procédés hautement scientifiques, et pas encore, loin s’en faut, à la disposition de toutes nos chères têtes blondes (avec des résultats qu’il faudrait du reste étudier de très près, notamment au niveau du transfert dans des activités scolaires plus traditionnelles…). Je note juste, je l’ai lu quelque part, qu’il y a déjà des dispositifs accessibles sur le net pour faire de tels exercices. Mais cela reste destiné à des troubles assez spécifiques : « Il y a beaucoup d’intérêt à utiliser le neurofeedback pour essayer d’aider les personnes atteintes de divers troubles cérébraux et problèmes du comportement ». On peut aussi noter, ce n'est pas nouveau mais c'est très bien établi au niveau cérébral par S. Dehaene dans Apprendre, la grande importance des évaluations rapprochées des performances pour entretenir la progression et la motivation des élèves... mais c'est là une toute autre affaire.

Je m’attarderai seulement sur les conclusions de l’expérience et de ce que nous pouvons en tirer en lisant entre les lignes de cet article (c’est toujours moi qui souligne).
"Après l’expérience, les sujets ont déclaré qu’ils savaient qu’ils contrôlaient le contraste, mais ils ne comprenaient pas comment ils y étaient parvenus", a déclaré l’auteur principal Yasaman Bagherzadeh dans le communiqué.  "La manipulation alpha contrôlait vraiment l’attention des participants, même s’ils ne comprenaient pas clairement comment ils le faisaient", a ajouté Robert Desimone.

Deux remarques sur ces déclarations :
1.     les sujets savaient qu’ils contrôlaient leur activité : ils avaient clairement pris une décision à partir des consignes qui leur précisaient le but à atteindre et ils en voyaient directement les effets sur l’écran au niveau de leurs ondes cérébrales produites par leurs neurones ;
2.     ils ignoraient, mais personne ne leur a posé la question, comment ils y étaient parvenu.

Alors là deux pistes sont possibles, selon le paradigme auquel on se réfère :
•          pour un chercheur se référant à la gestion mentale, la question aurait pu être : "Souvenez-vous de ce qui s’est passé juste après que vous avez reçu la consigne : que s’est-il passé dans votre tête avant que l’action ne commence ? Vous êtes-vous dit quelque chose dans votre tête (consigne "pour soi") ? Vous êtes-vous représenté concrètement ce que vous aviez à  faire (représentation du but) ? Et si oui de quelle manière l’avez-vous fait, par une image, par un ressenti quelconque ? (voir Accompagner… pages 51-70, ce qui concerne la mise en projet).

•          pour un chercheur se référant à la psychologie comportementale, bien sûr, il n’y a pas besoin de poser de questions puisque la réponse est évidente : "Nous pensons que la base est l’apprentissage conditionnel – chaque fois que vous avez un certain comportement et que vous recevez une récompense, vous renforcez ce comportement". En fait de récompense, l’article est muet à ce sujet. Peut-être simplement la réussite de l’action entreprise valait-elle récompense ? Pourtant c’est seulement après coup, ou au moins en même temps, que le sujet était renseigné sur les effets de son action, et cela n’indiquait absolument pas comment il s’y était pris mentalement au départ pour assurer sa tâche. C’est d’ailleurs ce que laisse supposer cette phrase : "Certaines questions importantes demeurent, comme la façon exacte dont les sujets contrôlaient leurs ondes alpha cérébrales en premier lieu."  Pardi… et pourquoi ne pas le leur demander ? Pas assez "scientifique " sans doute ?

Néanmoins, restons optimistes et la conclusion de l’article nous le permet qui nous laisse entrevoir que la question n’est pas close de la relation entre les "organes de contrôle conscient" (même s’ils peuvent être seulement subconscients) et la réalisation de tâches par les neurones spécialisés : "Ce qui est certain, c’est que cette expérience (qui n’est pas la première dans ce domaine) montre clairement que nous avons un degré de contrôle surprenant sur le fonctionnement de notre cerveau, bien qu’il soit souvent subconscient."  "Surprenant"… en effet, pour qui ignore la Gestion mentale...  mais c'est quand même aussi un peu rassurant de savoir que c’est bien nous qui restons à la manœuvre !

Je vous invite à relire mon message précédent (145) : Rêveur ou pensif ? Comment résoudre les difficultés d’attention ? Vous y trouverez décrit aussi précisément que possible le "processus distinct" qui permet à un sujet de contrôler ses émissions d’ondes alpha pendant une activité attentive (même s’il n’en a pas…pas encore… de "neurofeedback"…). Mais ça, bien sûr, ça n’a pas…pas encore… été testé en laboratoire... C’est juste la preuve du pudding ! La preuve du pudding, c’est qu’on le mange… La preuve de la gestion mentale c’est qu’elle permet à des élèves en difficulté de reprendre pied dans la maîtrise, tout à fait consciente, de leurs capacités mentales, jusque là ignorées, et de les mettre au service de leur réussite scolaire ou autre. Avec la libération personnelle et la motivation  qui en résulte. Et cela, ça vaut bien mieux qu’un pudding en récompense de leurs efforts !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...