Au moment même où j’écrivais mon dernier message sur l’attention
avant de le publier samedi dernier 7 décembre, étaient publiés les résultats d’une recherche menée par le MIT (Massachussett Institute of Technology) concernant le contrôle par des personnes de leurs
ondes cérébrales alpha au cours d’une tâche demandant de leur part une
concentration soutenue. Je viens d’en prendre connaissance seulement aujourd’hui
; je ne pensais pas être d’une telle actualité… !
Voici le début de l’article :
"Dans le cadre d’une récente expérience, des chercheurs du
MIT ont appris à des sujets tests à manipuler leurs propres ondes cérébrales
alpha. Le but était de déterminer si une telle modification pouvait améliorer
l’attention pour une tâche donnée."
Et l’hypothèse testée, la problématique (c’est moi qui
souligne):
"Le lien entre l’attention et les ondes alpha avait déjà
été établi dans
des études antérieures. Cependant, ce qui n’était pas clair jusqu’à présent,
comme le prétendent les auteurs dans un communiqué
officiel, était de savoir si ce lien est un sous-produit d’un
processus distinct, ou si les ondes alpha contrôlent directement
l’attention."
En d’autres termes, la question était de savoir si pendant une activité d’attention un sujet
pouvait maîtriser l’activité de ses neurones "par un processus distinct" ou si c’étaient les neurones dédiés (origine
des ondes alpha) qui faisaient seuls tout le travail. Ou encore : Le
cerveau se suffit-il à lui-même ou a-t-il besoin d'un esprit, "sous-
produit d'un processus distinct", pour le diriger ?
Pour répondre à cette problématique les chercheurs
proposaient à des sujets répartis en deux groupes de se concentrer sur des
tâches précises (augmenter par leur concentration le contraste d’un dessin vu sur un écran) : chaque
groupe recevait une consigne différenciée. Les sujets pouvaient visualiser sur
un autre écran les ondes cérébrales alpha produites au cours de leur effort (neurofeedback). Même si les sujets avaient un retour sur leur activité par ce neurofeedback, c’était bien eux qui appliquaient consciemment et mentalement les
consignes qui leur étaient données.
Je ne m’étendrai pas sur l’utilisation de ces procédés
hautement scientifiques, et pas encore, loin s’en faut, à la disposition de
toutes nos chères têtes blondes (avec des résultats qu’il faudrait du reste
étudier de très près, notamment au niveau du transfert dans des activités
scolaires plus traditionnelles…). Je note juste, je l’ai lu quelque part, qu’il
y a déjà des dispositifs accessibles sur le net pour faire de tels exercices.
Mais cela reste destiné à des troubles assez spécifiques : « Il y a
beaucoup d’intérêt à utiliser le neurofeedback pour essayer d’aider les
personnes atteintes de divers troubles cérébraux et problèmes du comportement ». On
peut aussi noter, ce n'est pas nouveau mais c'est très bien établi au niveau
cérébral par S. Dehaene dans Apprendre, la grande importance des
évaluations rapprochées des performances pour entretenir la progression et la
motivation des élèves... mais c'est là une toute autre affaire.
Je m’attarderai seulement sur les conclusions de
l’expérience et de ce que nous pouvons en tirer en lisant entre les lignes de
cet article (c’est toujours moi qui souligne).
"Après l’expérience, les sujets ont déclaré qu’ils
savaient qu’ils contrôlaient le contraste, mais ils ne comprenaient pas
comment ils y étaient parvenus", a déclaré l’auteur principal
Yasaman Bagherzadeh dans le communiqué. "La manipulation alpha
contrôlait vraiment l’attention des participants, même s’ils ne
comprenaient pas clairement comment ils le faisaient", a ajouté Robert
Desimone.
Deux remarques sur ces déclarations :
1. les sujets savaient qu’ils
contrôlaient leur activité : ils avaient clairement pris une décision à partir
des consignes qui leur précisaient le but à atteindre et ils en voyaient
directement les effets sur l’écran au niveau de leurs ondes cérébrales
produites par leurs neurones ;
2. ils ignoraient, mais
personne ne leur a posé la question, comment ils y étaient parvenu.
Alors là deux pistes sont possibles, selon le paradigme
auquel on se réfère :
• pour
un chercheur se référant à la gestion mentale, la question aurait pu être : "Souvenez-vous de ce qui s’est passé juste après que vous avez reçu la consigne : que s’est-il passé dans votre tête avant que
l’action ne commence ? Vous êtes-vous dit quelque chose dans votre tête
(consigne "pour soi") ? Vous êtes-vous représenté concrètement ce
que vous aviez à faire (représentation du but) ? Et si oui de quelle
manière l’avez-vous fait, par une image, par un ressenti quelconque ? (voir
Accompagner… pages 51-70, ce qui concerne la mise en projet).
• pour
un chercheur se référant à la psychologie comportementale, bien sûr, il n’y a
pas besoin de poser de questions puisque la réponse est évidente : "Nous pensons que la base est l’apprentissage
conditionnel – chaque fois que vous avez un certain comportement et que vous
recevez une récompense, vous renforcez ce comportement". En fait de
récompense, l’article est muet à ce sujet. Peut-être simplement la réussite de
l’action entreprise valait-elle récompense ? Pourtant c’est seulement après coup, ou au
moins en même temps, que le sujet était renseigné sur les effets de son action,
et cela n’indiquait absolument pas comment il s’y était pris mentalement au
départ pour assurer sa tâche. C’est d’ailleurs ce que laisse supposer cette
phrase : "Certaines questions importantes demeurent, comme la façon
exacte dont les sujets contrôlaient leurs ondes alpha cérébrales en
premier lieu." Pardi… et pourquoi ne pas le leur demander ? Pas
assez "scientifique " sans doute ?
Néanmoins, restons optimistes et la conclusion de l’article
nous le permet qui nous laisse entrevoir que la question n’est pas close de la
relation entre les "organes de contrôle conscient" (même s’ils
peuvent être seulement subconscients) et la réalisation de tâches par les
neurones spécialisés : "Ce qui est certain, c’est que cette expérience
(qui n’est pas la première dans ce domaine) montre clairement que nous
avons un degré de contrôle surprenant sur le fonctionnement de notre cerveau,
bien qu’il soit souvent subconscient." "Surprenant"… en effet, pour qui ignore la Gestion mentale... mais c'est quand même aussi un peu rassurant de savoir que c’est bien nous qui
restons à la manœuvre !
Je vous invite à relire mon message précédent (145) : Rêveur ou pensif ? Comment résoudre les difficultés d’attention ? Vous y trouverez décrit aussi précisément que possible le "processus
distinct" qui permet à un sujet de contrôler ses émissions d’ondes
alpha pendant une activité attentive (même s’il n’en a pas…pas encore… de
"neurofeedback"…). Mais ça, bien sûr, ça n’a pas…pas encore… été
testé en laboratoire... C’est juste la preuve du pudding ! La preuve du pudding, c’est qu’on le mange… La preuve de la gestion mentale c’est qu’elle permet à
des élèves en difficulté de reprendre pied dans la maîtrise, tout à fait consciente, de leurs capacités
mentales, jusque là ignorées, et de les mettre au service de leur réussite scolaire ou
autre. Avec la libération personnelle et la motivation qui en résulte. Et cela, ça vaut bien mieux qu’un pudding en récompense de leurs
efforts !
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