Je rentre de Toulouse fatigué mais heureux. C'était le deuxième stage de l'année avec la classe de seconde de méthodologie. Les professeurs me disaient leur inquiétude devant le manque de travail de ces jeunes après les premières semaines enthousiastes qui avaient suivi le stage de septembre. Nous avions alors travaillé le geste d'attention, avec déjà des entrées sur les activités de compréhension, et nous avions insisté sur la mémorisation et les réactivations nécessaires pour entretenir sa mémoire. Dès le début de ce deuxième stage, j'ai demandé aux élèves de rédiger un bilan sur ce qui s'était passé depuis notre dernière rencontre. La déclaration d'un élève représente bien l'état d'esprit général : « après le premier stage je me suis efforcé d'évoquer et de réactiver le soir, puis j'ai arrêté parce que je ne voyais pas le but ».
Après ces trois jours consacrés, cette fois, à la réflexion et à la communication à autrui, le même élève, toujours représentatif déclare dans le bilan final : « au début de l'année, j'ai appris comment mémoriser de façon plus performante que la méthode que j'avais jusqu'à présent. Mais il m'était quand même difficile de mémoriser car jusqu'à maintenant je n'avais pas de but. Je me sens maintenant apte à réussir mes études en exerçant la méthode de mémorisation et de réflexion. J'ai également appris que quand on écrit, on n’écrit pas pour le professeur mais pour les autres. »
J'ai réalisé une fois encore, que lorsque l'on sépare l'activité de mémorisation de celle de réflexion, le sens des études disparaît. Dans « Pégase », j'insiste sur la relation, le « pont » qui doit toujours être ménagé entre ces deux gestes mentaux. On ne mémorise pas dans le vide, ni pour rien. Lorsque l'on mémorise pour simplement montrer au professeur qu'on a mémorisé, les plus intelligents sont les premiers à s'arrêter... Et dans cette classe réputée en difficulté, il y a beaucoup d'élèves intelligents... D'où l'arrêt des fonctions cognitives tant que l'on n'a pas mis en place avec clarté, l'activité de réflexion méthodique aussitôt suivie de celle de communication orale ou écrite
Ma question maintenant : comment faire découvrir plus tôt la réalité de la réflexion, alors que je sais que cette découverte va beaucoup perturber les habitudes de restitution, anciennes et bien ancrées dans les représentations de ces « consommateurs d'école » si peu avertis que sont ces jeunes ? Mais après tout , il est peut-être nécessaire qu'ils passent les quelques semaines du début d'année de seconde à constater l'inanité, l'inefficacité de leurs efforts de simple mémorisation… Mais c'est toujours bien douloureux de voir ce gâchis en début de lycée. Ne pourrait-on pas s'y prendre un peu plus tôt pour éclairer ces enjeux si essentiels à la réussite ?
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