mercredi 21 décembre 2011

50 -Entretien avec un étudiant de Licence en Droit.


Antoine est étudiant de première année de licence en droit à l'Institut Catholique de Toulouse. C'est un ancien élève de la classe de seconde de méthodologie dont je vous ai souvent parlé, élève qui a donc bien réussi son lycée. Il m'a envoyé un message sur Facebook pour que je l'aide dans l’organisation de ses révisions à l'approche des partiels de janvier. Nous convenons d'un rendez-vous téléphonique. Lorsque je l’appelle il est justement en train de faire une fiche d’un de ses cours. Je le questionne sur la façon dont il travaille habituellement.

Il me dit  qu'en général il comprend bien l'essentiel de ses cours. Je demande si en plus de cette compréhension il  pense à les mémoriser, le jour même de leur réception, ce qui serait la meilleure façon de s'économiser du temps lors des révisions. Il me parle de sa difficulté à assurer en temps voulu la mémorisation des cours dont  le rythme est très soutenu depuis le début de l'année. Le soir il passe beaucoup de temps sur les travaux écrits obligatoires. Cependant il veille à réactiver ce qu'il a compris des cours, et les séances de travaux dirigés sont une bonne occasion pour cela en même temps que pour vérifier sa compréhension. En résumé, il comprend assez bien ce qu'il reçoit en cours, il l’utilise correctement dans les travaux dirigés, mais il manque de temps pour le mémoriser sur le long terme.

Je lui rappelle les schémas heuristiques qu’il a découverts dans son année de seconde. Il s'en souvient bien mais ne les utilise pas régulièrement. Je lui montre en quoi, même pour son fonctionnement plutôt verbalisant, cela pourrait résoudre une partie de son problème. Il pourrait, sans d’ailleurs forcément attendre le soir, stabiliser et approfondir sa compréhension de ses cours en réalisant un schéma de synthèse même rapide, qu’il n'aurait ensuite pas grand mal à mémoriser sur le long terme. Je lui rappelle également le mouvement de pensée de la mémorisation qui est d'envisager un avenir de réutilisation de ce qu'il reçoit pendant le cours lui-même, ou de ce qu'il aurait ainsi stabilisé par un schéma ou une fiche synoptique. Pour l’instant, il pourrait donc faire ses révisions en utilisant les schémas et s’imaginer les retrouver lors des partiels de Janvier, en lien avec les épreuves telles qu’il se les représente : certaines semblent de stricte restitution, d’autres paraissent plus complexes. Je lui rappelle que dans tous les cas le choix d’une bonne problématique sera attendu par ses examinateurs… et que c’est cela qu’il doit anticiper en révisant.

 Ensuite notre conversation évolue vers un autre problème. Dans les TD, on lui propose des études de cas. Mais il est confronté selon les matières à deux situations différentes. A certains moments les cas sont à traiter directement avec les éléments appris en cours récemment et la procédure lui paraît simple. A d’autres moments ou dans d’autres matières, il est plus déstabilisé par le fait qu'on lui propose plusieurs procédures possibles pour chaque cas étudié, « comme le ferait un avocat ou un juge dans l’exercice de son métier ».

Nous retrouvons la distinction entre les exercices d'application (mouvement qui va de la loi connue à l'avance, sans que l'on ait besoin de la chercher, à son application) et la résolution d'un problème (où l'enjeu est justement de choisir sur quelle loi ou procédure on peut s’appuyer pour envisager toutes les solutions acceptables « pour sauver son client »).

J’ai donc aidé Antoine a retrouver dans la deuxième situation les étapes du geste mental de la réflexion qu'il avait découvert et apprécié en stage quelques années plus tôt. Cela semblait lui convenir. Mais restait à voir comment sa compréhension des cours pouvait le préparer à ces résolutions de problème (problématique de résolution). Je lui ai donc rappelé les « Cinq questions » de la compréhension (problématique de recherche). Il reconnut qu’il se souciait davantage de la partie « amont » des lois ou principes : leurs origines et explications. La partie applicative, « l’aval », retenait moins son intérêt. Il comprit mieux alors ses difficultés à mémoriser (envisager les applications possibles des lois dans le futur, mouvement vers leur « aval ») et sa lenteur dans les travaux écrits (retrouver les lois, certes comprises  mais peu présentes en mémoire au moment d’y faire appel, car non programmées pour ces situations). Classique !

A la fin de notre conversation, j'ai envoyé à Antoine le texte « Exercice ou problème, il faut choisir » (message 13). Cela pourra l’aider à mettre au clair cette distinction capitale.

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