Lors des stages avec les classes "seconde de méthodologie", je suis amené à préciser pour les parents l'approche pédagogique que je propose à leurs enfants. Cela permet de situer mes propositions "intériorisantes", alors qu'ils s'attendraient plutôt à ce que je leur "donne " des méthodes venues de l'extérieur (voir mon message n° 88). J'ai donc rédigé le texte suivant pour les stages de cette année.
CONTENU DES STAGES EN CLASSE DE SECONDE DE METHODOLOGIE
Le
contenu des stages est directement inspiré de la Pédagogie des Gestes mentaux
(Gestion mentale)
d’A. de LA GARANDERIE.
Qu’est-ce que la pédagogie des gestes mentaux ?
1.
Une
pédagogie de l’intériorité, de l’épanouissement personnel et de la relation.
Bien que les stages soient dits de « méthodologie »,
ils n’ont pas pour objet de transmettre de l’extérieur des conseils
ou des méthodes qui seraient réputés efficaces pour tous.
Ces stages visent au contraire la découverte d’une méthode
de travail personnelle qui peut
ainsi varier d’un élève à l’autre. Il
s’agit d'amener les élèves à entrer en eux-mêmes, à contacter leur activité mentale intérieure, à la découvrir et à la partager avec l’aide du formateur. Comment
ça se passe dans ma tête quand je lis un texte, quand je cherche à
comprendre un passage difficile, quand j’apprends du vocabulaire, etc. ? Comment font les autres ? Comment pourrais-je
améliorer ce fonctionnement personnel
pour le rendre plus efficace ?
Chaque élève découvre que son activité mentale est
différente de celle de ses camarades.
En prenant connaissance du mode d'activité mentale des autres,
il peut modifier le sien, le développer
et l’enrichir pour l’adapter au mieux aux attentes scolaires. En même temps qu’il
se découvre lui-même, il découvre ses camarades dans une partie de leur intériorité (la partie "cognitive" et non l'affective). Il peut ainsi les considérer avec un intérêt nouveau et nouer avec
eux une relation plus authentique. C'est la base solide qui permet d'entrer dans une relation d'entraide mutuelle, si favorable à la réussite de tous. Les professeurs, témoins de ces découvertes, peuvent eux-aussi entrer dans une relation de plus grande proximité "pédagogique" et humaine avec leurs
élèves et les accompagner au mieux par la suite.
2.
Une
pédagogie du sens de l’école.
Lors des stages, un
éclairage est donné aux jeunes sur les attendus du lycée, aux différents moments de
leur « métier d’élève ». Qu’est ce qui est réellement en jeu
· - lorsqu’ils acquièrent une information et qu’ils cherchent à la
comprendre et à la mémoriser (dans une lecture, pendant un cours…),
· - lorsqu’ils réutilisent leurs acquis dans une
situation le problème (contrôle, examen),
· - lorsqu’ils communiquent le résultat de leur réflexion dans une
production orale ou écrite.
Comme
pour un travail manuel ou une activité sportive, il y les bons gestes qui font réussir.
C’est le sens de l’expression « gestion mentale » : connaître
ces gestes et apprendre à les pratiquer de mieux en mieux en s’y entraînant. Quels
sont les bons « gestes mentaux » à effectuer pour être et rester
longtemps attentif, pour mémoriser, pour comprendre, pour réfléchir, pour bien
m’exprimer par oral ou par écrit ? Comment me servir de mon imagination dans
les tâches scolaires ?
Cet éclairage leur permet d’être vraiment autonomes
dans leur travail personnel. Ils
savent quoi faire, quand le faire, comment le faire, en
général et eux personnellement, et pour
quoi le faire en anticipant au plus juste les réutilisations futures de ce qu’ils
apprennent.
Mais cet accès à
l’autonomie est menacé par une difficulté de taille : les élèves n’arrivent pas
en seconde sans avoir certains « savoirs », certaines croyances à
propos de ce qu’il convient de faire dans leur travail, de comment mémoriser,
comprendre, etc. De mauvaises habitudes se sont installées en eux. L’objectif des stages est de faire évoluer ces habitudes défectueuses vers une adéquation plus juste avec les vrais enjeux du lycée. Une adéquation qui ne vise nullement une adaptation standardisée, comme "robotisée", aux objectifs scolaires, mais au contraire une libération des potentialités personnelles pour optimiser ce que ces objectifs permettent d'ouverture à une culture humanisante et à une créativité épanouissante.
3.
Une
pédagogie de l’engagement.
Malgré tout, cet
éclairage, ces informations, ces découvertes personnelles, cela ne suffit pas
toujours à provoquer le « déclic » tant espéré, la décision
personnelle et durable de se mettre au travail. L’élève reste libre de s’engager
ou non dans le jeu, si nouveau pour beaucoup et parfois un peu déstabilisant, qui lui est proposé. L’arrière-plan affectif, souvent chargé
négativement, peut empêcher un jeune de
croire en lui-même et en ses possibilités. Le poids de ce passé, la peur toujours présente de se tromper, de ne pas y arriver, de décevoir, bloque parfois toute
motivation
pour un travail scolaire encore synonyme de difficultés insurmontables et
pénalisantes.
Pourtant l’expérience prouve qu’avec le temps, toutes ces nouvelles
acquisitions « travaillent » de manière plus ou moins consciente
dans la tête de ces jeunes. Le changement espéré s’opère selon des rythmes individuels très
diversifiés. L’encadrement des
professeurs et de l’institution, l'accompagnement attentif et bienveillant des parents, vont jouer leur rôle en proposant un cadre et des incitations diverses propres à
stimuler la mobilisation [1]
attendue. Les premiers à se mettre en route voient assez vite les résultats de leur
engagement dans un travail devenu source de meilleure réussite, et même bien souvent de plaisir.
Cette possibilité de découverte et d’épanouissement de
soi-même ouvre pour chacun un avenir de réussite scolaire et
humaine : à chacun d’en profiter s’il en a le désir.
4. Contenus des trois stages.
- Stage de Septembre.
Découverte de son fonctionnement mental personnel.
Découverte des gestes mentaux d’attention (concentration), de compréhension, de
mémorisation. Ce stage se termine sur une question : que faire de ce que j’ai
compris et mémorisé ? Restituer ? Réutiliser ?
- Stage de novembre.
Découverte du geste mental de réflexion en résolution de
problème et de l’activité de communication orale ou écrite. Où l’on voit que la
mémorisation et la réflexion sont intimement liées et ne vont pas l’un sans
l’autre. Le stage se termine sur une question : comment faudrait-il que je
comprenne dès le départ pour pouvoir assurer la réussite de ces deux activités
centrales de la réussite au lycée ?
- Stage de mars.
Découverte de l’activité complexe de compréhension
approfondie des contenus scolaires. Qu’est-ce qui fait sens pour moi quand
j’apprends ? Comment dépasser mes limites personnelles de compréhension et
accéder à une compréhension plus générale et plus efficace des contenus
scolaires ?
[1] la motivation, c’est ce
qui nous pousse en avant, ce qui vient donc de derrière nous, de notre passé.
La mobilisation, c'est ce qui nous tire en avant, vers un
avenir de réussite.
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