mercredi 20 juin 2018

124 - Je regarde le plafond avant toute opération délicate.


Dans mon message 86 : « J ’ai ouvert mes oreillesintérieures », j’ai décrit une conversation avec un ophtalmologue de mes amis qui me racontait comment, vers ses 15 ans, il avait décidé un beau jour de se mettre au travail et comment il avait alors, et pour la première fois,  "ouvert  ses oreilles intérieures" en lisant un cours de physique qui le rebutait particulièrement. Cette « ouverture », purement mentale, lui avait procuré la compréhension * de cette matière pour laquelle  jusqu’ici il n’éprouvait que peu d’intérêt. À partir de ce jour, il avait  connu le succès dans sa scolarité jusqu’à devenir un spécialiste (et un professeur) reconnu et apprécié de sa clientèle.

Un autre ophtalmologue, chirurgien qui a réalisé dernièrement sur l’un des mes yeux une opération très délicate, m’a raconté lui aussi une anecdote qui fait le pendant à la précédente. C’est également un ami, et de plus un de mes anciens élèves. Je l’avais aidé lorsqu’il était en seconde et que sa scolarité avait pris une bien mauvaise tournure en fin de collège. Avec le groupe dont j’étais le tuteur, je l’avais éveillé à sa vie mentale et à la façon de l’utiliser dans ses études : cela lui a semble-t-il bien réussi puisqu’il est devenu un des chirurgiens ophtalmologues les plus en pointe dans son secteur au niveau international. Voici ce qu’il m’a raconté.

Tout récemment, il a opéré un jeune homme dont la paupière était totalement fermée après une maladie. Comme avant toute opération, il avait fait le dessin très précis de ce qu’il comptait faire. Mais son infirmière de confiance lui a dit après l’opération : « Je savais que ce serait quelque chose de difficile et délicat. » – « Et à quoi l’avez-vous su ? » répondit mon ami. – « Avant l’opération vous êtes resté un long moment silencieux à regarder le plafond !»
« Je ne m’en rends pas toujours compte, mais c’est toujours ainsi que je procède avant une opération qui sort de la routine ou qui présente une difficulté particulière : je me fais le plus exactement possible le film de ce que je vais faire *» me confirma-t-il. «  C’est toi qui me l’as appris en seconde, cela m'a toujours aidé et je n’ai plus jamais cessé depuis. »

Que ce soit à l'occasion d'un évenement de son environnement comme dans le premier cas, ou, dans le second, par une initiation individuelle ou collective à la gestion mentale, l'évocation, qu'elle soit auditive ou visuelle, est bien le passage obligé de toute réussite scolaire ou, comme on le voit, professionnelle. Que les neurosciences redécouvrent actuellement cette qualité essentielle de l’être humain ne peut que nous encourager à continuer à initier le plus grand nombre de jeunes ou de moins jeunes à ce trésor dont les tiennent éloignés toutes les incitations de la vie moderne.

* On a ici une illustration de ce qu'est l'évocation, ainsi décrite par A; de LA GARANDERIE dans le Vocabulaire de la Gestion Mentale :
"Il est des consciences d’êtres humains où, pour être  sentantes, elles se trouvent en passe de devoir utiliser leurs nerfs moteurs soit visuels, soit auditifs, soit tactiles, quel que soit l’objet de sens en question (soit visuel, soit auditif, soit tactile). Ainsi on entendra dire ceci : il faut que je me parle ce que je vois ; ou : il faut que je voie ce que j’entends (Napoléon à ses officiers : faites en sorte que lorsque je vous aurais entendu, je pense avoir vu) ; ou encore : il faut que je me dessine ce que je vois ou j’entends pour le comprendre."

Et aussi :Les objets de connaissances ainsi constitués par l’être humain en situation perceptive peuvent être mis en situation d’évocations selon une modalité différente de celle par laquelle ces objets se sont présentés à lui en perception. Ces images lui sont personnelles et peuvent devenir accessibles à sa conscience par l’introspection.

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