J’ai déjà eu l’occasion (messages 130, 132) de citer le
dernier et récent livre d’Yves Lecocq : (Re)penser
l’acte d’apprendre, la gestion mentale : une réponse aux défis éducatifs (Chronique Sociale, Septembre 2018). Le
président de l’Institut International de Gestion Mentale nous livre dans cet
ouvrage une véritable « Défense et illustration de la gestion mentale » et cela
dans l’environnement très actuel de ce début de XXIe siècle. Yves Lecocq
analyse avec une précision quasi chirurgicale ces "défis" posés à l’éducation
par les jeunes de la génération Z (qu'il décrit d'ailleurs fort bien, pages 114-117, prouvant ainsi que ses analyses sont très loin d'être "hors-sol"... comme le sont parfois celles de neuroscientifiques un peu trop sûrs de leurs "vérités"...soi-disant novatrices) . Ces jeunes qui depuis l’an 2000 sont nés le
smartphone à la main (chacun le sien et Snapchat pour tous !),
au-delà même du bain numérique de la génération précédente, génération Y déjà
tellement peu motivée par des formes d’apprentissage trop traditionnelles. Ces
décalages de plus en plus criants entre les jeunes et l’institution scolaire chargée
de les ouvrir au monde et de les préparer à la vie en société, ont entraîné des
querelles et des conflits, des postures et des rejets, voire des propositions tous azimuts
d’enseignement alternatif ou de "méthodes miracles" ...et au final le décrochage massif d’une fraction importante
de notre jeunesse qui fuit une école tellement éloignée désormais de ses préoccupations
immédiates, et aux canons de laquelle ils sont tellement peu prédisposés par
leur environnement socio-culturel.
Passant en revue tous ces défis, tous ces courants et
postures (très gros, exhaustif et intéressant travail de recensement du
panorama pédagogique actuel !) Yves Lecocq propose pour chacun d’eux le regard
distancé et plein d’humanité de la gestion mentale d’Antoine de LA GARANDERIE : en quoi peut-elle répondre à ce défi spécifique ? Loin d’être une "méthode" (toutes passent un jour… même les "miraculeuses" ) ni même une pédagogie parmi d’autres
(tout ne se vaut-il pas de nos jours ?), la gestion mentale, "pédagogie « en 1re personne » fondée sur l’introspection cognitive *" apparaît alors comme une "méta-pédagogie", c’est-à-dire un complément indispensable à toute pédagogie pour acquérir son sens et atteindre sa finalité : favoriser la rencontre d’un jeune être humain avec le
monde des êtres et des choses qu’il est avide de connaître et dont il a
vocation à décrypter le sens. Pour cela, "il insiste sur la nécessité
d’articuler la transmission des incontournables, des passages obligés dans les
processus d’apprentissage, et la construction par l’apprenant de ses processus
spécifiques en fonction de sa personnalité cognitive"*. Sur cet enjeu devrait se fonder toute
action éducative, et toutes les pédagogies du monde se rejoindre dans un même
élan afin d’offrir plus d’être, plus de sens, plus d’humanité à une jeunesse
qui en manque terriblement.
Il serait trop long de détailler par le menu la somme
considérable d’informations et de réflexions que peut inspirer la lecture du
livre d’Yves Lecocq. Tous les pédagogues désireux de mieux comprendre leurs élèves
et de les amener à la réussite, tous les "coaches", tous les praticiens de la gestion mentale, déjà formés ou en formation, tous les accompagnateurs en individuel ou en groupe, sans parler bien sûr de
leurs formateurs, trouveront dans cette lecture de quoi refonder, revivifier, approfondir et élargir leur adhésion à cette « gestion mentale qui nous apparaît ici d’une remarquable modernité quand certains la présentent comme une
vieille dame moribonde » comme
le dit si bien Nicole Bouin dans la conclusion de son compte-rendu dans la Rubrique "Nous avons lu pour vous" des Cahiers pédagogiques .
* Rubrique "Nous avons lu pour vous " des Cahiers Pédagogiques, 7 Décembre 2018.
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