Grand oral du bac... Encore une bonne idée... qui risque de s'enliser comme tant d'autres ! Après le sort malheureux des TPE rétrogradés de Terminale à Première et réduits au rôle très auxiliaire de grappillage de points pour une hypothétique mention au bac, le Grand oral - qui en est comme la suite et la finalité -connaitra-t-il un meilleur sort ? Ou de l'inanité des stratégies visant la transformation du système scolaire français et des pratiques professorales uniquement de l'extérieur.
L'intention pourtant était bonne :
"Après un temps de préparation, l'élève présente sa réponse, qui doit être le fruit d'une "réflexion personnelle", selon le ministère. L'exercice doit permettre aux candidats d'apprendre à s'exprimer en public, "de façon claire et convaincante", compétence "fondamentale" pour la vie personnelle et professionnelle", soulignait début mai Jean-Michel Blanquer.
On croirait lire un passage d'Accompagner le travail des adolescents... et la description des moments privilégiés de Pégase ! Car de quoi s'agit il en réalité pour les élèves ? D'une recherche approfondie nourrissant une réflexion méthodique, suivies d'une expression orale "claire et convaincante". C'est à dire de compétences lourdes auxquelles ils devraient être formés tout au long de leur parcours scolaire, bien longtemps avant les quelques semaines de bachotage affolé précédant le temps de leur évaluation terminale. Compétences, en effet, fondamentales qui les prépareraient au mieux aux études supérieures auxquelles se destinent la plupart d'entre eux. Tout comme à une future vie professionnelle et sociale épanouissante... si c'est bien à cela que sert encore l'école...
Avec l'introduction de ce type d'épreuves dans notre sésame national pour le supérieur (si peu sélectif aujourd'hui), le but est clairement de proposer un changement radical de notre modèle d'enseignement encore trop magistral et comportemental. Une tentative de plus... qu'on aimerait bien voir aboutir... pour une fois.
Mais si la stratégie est louable, on voit bien que la tactique prend le problème à l'envers... comme d'habitude.
L'imposition autoritaire d'une pratique pédagogique ne saurait à elle seule obtenir une conversion en profondeur et durable du paradigme dominant de notre École qui confine la compréhension aux obscurs aléas individuels et la réflexion ou l'expression aux seuls moments d'évaluation et nullement à ceux d'une vraie formation intellectuelle répartie dans le temps long.
Plût aux cieux de la connaissance que les élèves soient familiarisés (comme ils le sont assez généralement en primaire bien que pas assez explicitement) à pratiquer ces activités tout intérieures de compréhension approfondie, de réutilisation-transfert des acquis et de communication, orale tout autant qu'écrite, tout au long de leur scolarité de collège et de lycée ! Mais pour cela il faudrait impérativement qu'eux-mêmes et leurs enseignants en aient une connaissance explicite.
Et qui actuellement est en mesure de proposer cette explicitation ?
Qui pourra répondre à cette question détiendra la clé d'une véritable rénovation de notre Ecole et sa réussite tant espérée ! Que ceux qui la détiennent (les praticiens en GM...) ne se laissent pas décourager. On y viendra forcément un jour ! Courage et patience. Résistons !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire