dimanche 16 janvier 2011

15 De la meilleure façon de faire des exercices.

Toujours en pensant à la question de Raphael et de ses exercices (Message n° 12), j’ai repensé à ce texte d’Antoine de LA GARANDERIE à propos d’un article que j’avais écrit, à la demande de Michèle GIROUL,  pour la Lettre de l’IIGM (n° 24, Décembre 2004). Il reprenait une discussion que nous avions eue à ce sujet lors du stage de Limoux l'été précédent, au cours duquel Michèle avait observé le travail du groupe de lycéens que j'animais. Ce texte m’avait beaucoup touché et m’avait encouragé à chercher encore davantage sur ce terrain de la réflexion et de son anticipation. Je pense qu’il pourrait vous aider à votre tour.

La pédagogie de l'acte de réflexion
Antoine de la Garanderie

Guy Sonnois attire, à très juste titre, l'attention sur les difficultés que rencontrent les élèves lorsque la situation scolaire leur demande de devoir pratiquer l'acte de réflexion. Le désarroi s'empare de leur conscience. La cause en est, comme l'a parfaitement diagnostiqué Guy Sonnois, l'absence de « projet ». Cela veut dire que l'élève a à se préparer à la pratique mentale de l'acte de réflexion. C'est au moment où il apprend une règle, une loi grammaticale, arithmétique, etc. qu'il aura à le faire.

Lorsque nous eûmes l'avantage d'interroger Mademoiselle Grodhomme (*) afin qu'elle nous fasse part des moyens mentaux dont elle usait pour accomplir les tâches scolaires, elle indiqua comment elle constituait les moyens de mettre en œuvre sa réflexion. Toutes les règles et les lois qu'elle devait apprendre pour les savoir, elle s'en donnait le « par cœur », selon la loi de mémorisation que nous connaissons (la mise sur orbite d'imaginaire d'avenir) et elle s'assurait de leur compréhension. Après, elle étudiait tous les exemples qui étaient donnés afin d'en comparer ce qui constituait leurs similitudes et leurs différences. Enfin, elle imaginait des situations possibles où ces cas de similitudes ou de différences pourraient lui être donnés à propos d'exercices ou de problèmes qui lui seraient imposés. Si bien que, lorsque l'une de ces situations se présentait à elle, elle était pourvue du bon projet de sens pour y faire face. L'entraînement effectué au temps de l'acquisition est le moyen de pouvoir répondre. Le fait d'avoir discriminé des causes possibles de différences en même temps que celles de similitudes garantit l'ouverture de la réflexion à la saisie du sens de l'exercice ou du problème. Cette préparation à la pratique du projet de sens de réflexion vaut aussi dans les cas où la réflexion devra s'ouvrir à la conquête de situations qui ne s'appuient sur aucune règle ou loi préalable et où ce qui est demandé relève de la créativité : le même mode d'entraînement n'en est que plus utile, en fait toujours indispensable.

(*) On peut tous toujours réussir, Bayard, 1° éd. 1989


On peut faire l’hypothèse que cette jeune fille était plutôt familière d’une compréhension "appliquante", et qu’elle anticipait les problématiques futures à partir des applications des règles qu’elle apprenait. Mais souvenons-nous qu’il y a d’autres manières d’anticiper les problèmes à venir en posant directement aux règles elles-mêmes la question de leur finalité (Pour quoi faire ? A quoi servent-elles ?).

Quoi qu’il en soit, voici une méthode pouvant servir à préparer les réflexions à venir à partir des exercices. Il s’agit de préparer le transfert des automatismes acquis dans les exercices. Ils ne suffiront pas toujours à "démarrer" la résolution d’un problème (pour cela, il faut aussi avoir répondu aux autres des "5 questions"), mais ils "dégageront" l’esprit de l’élève qui pourra alors mieux se consacrer aux étapes de la réflexion proprement dite (évocation et analyse de l’énoncé, problématique,  retour sur les acquis mémorisés), et lui assureront des applications rapides et fiables des connaissances "déstockées" pour résoudre le problème.

J'ajoute deux extraits d’« Accompagner… » qui complètent l’éclairage  sur  ce point toujours délicat des exercices et de la réflexion.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...