mercredi 22 avril 2020

150 - Comment faire pour réfléchir ? Vidéos de la découverte collective de la réflexion par un groupe de lycéens.


Mes trois précédents messages concernent, d’une manière ou d’une autre, le geste mental de réflexion, ses difficultés ou ses passages obligés. Le dernier a eu un écho particulièrement large auprès de mes lecteurs de tous pays. J’y renvoyais à un article sur l’apprentissage de ce geste si important, et surtout à des vidéos que j’avais mises dans la page « Spécial enseignant », elle aussi très sollicitée, quoique déjà un peu ancienne. Toutefois, je n'étais pas pleinement satisfait de la réponse que j'apportais à mon interrogation des années 1970 : comment aider un élève à choisir la bonne connaissance au moment d'un devoir, d'un examen ? 

Aujourd’hui, je veux préciser cette réponse et en faciliter l'accès au plus grand nombre. Je remets donc en ligne ces vidéos rafraîchies et réduites à trois seulement. J’y ai notamment retravaillé le son (l’image est un repiquage des vidéocassettes d’origine… on s’en rendra vite compte…). Je voulais qu’on entende plus clairement les formulations des élèves, si importantes par leur sincérité et leur réalisme (regardez bien leurs regards, leurs expressions quand ils parlent ou quand ils écoutent attentivement). Elles sont un élément essentiel de ces vidéos, et un contrepoint indispensable et très éclairant à mes propres explications de ce geste complexe tellement important pour la réussite en toutes disciplines et pourtant sujet à tant d’ignorance ou de fausses interprétations.

Le contexte des vidéos.
Ces vidéos ont été tournées lors d’une séquence d’une matinée entière, lors du stage de prérentrée d’août 2003 organisé par l’Association Initiative Formation Midi-Pyrénées-Aquitaine, avec Christiane Pébrel et son équipe toulousaine (voir mon message 17). Une équipe de cinéastes avait été chargée de filmer certaines séquences (destinées à de futures formations) et avait pour cela transformé une des salles de classe en studio de fortune. 

Mon groupe était constitué de lycéens de seconde ou de première, scientifique, littéraire ou économique. C’était le quatrième jour du stage. Les deux premiers jours avaient été consacrés à la découverte des gestes mentaux d’évocation et de mise en projet, d’attention et de mémorisation (le premier "rouage" de Pégase). Le troisième jour était consacré à une randonnée qui coupait la semaine et permettait une aération bienvenue. Le quatrième jour était celui que je consacrais habituellement à la réflexion, geste central de la réussite au lycée (deuxième rouage de Pégase). C’est donc cette séquence qui a été filmée. Il faisait très chaud (canicule plus projecteurs…). Les cinéastes avaient recommandé aux jeunes (avant que j’arrive) de ne pas trop bouger, d'éviter les bruits parasites, la salle étant très sonore. Cette recommandation ajoutée à la chaleur et à la difficulté de la séquence elle-même, explique l’apparente passivité physique du groupe. Mais les témoignages, recueillis tout au long de la matinée, prouvent que leur activité intérieure était bien réelle et pertinente.

Chaque groupe d’âge de ce stage avait eu un créneau pour être filmé. Il se trouve que le groupe qui nous succédait ayant déclaré forfait, la séquence de « digestion » a été rajoutée au dernier moment (troisième vidéo), après une pause et avec l’accord des jeunes, pourtant éprouvés par les 90 minutes précédentes. Et heureusement, car cette séance est peut-être la plus intéressante, car on y voit se vivre en direct le « conflit cognitif » qui se déroule en chaque conscience après la découverte de ces gestes mentaux. Les élèves se rendent compte qu’ils les pratiquent inconsciemment, parfois même avec une grande efficacité, dans leurs activités ordinaires. Comme le dit l’un d’eux, il s’agit d’une découverte plus que d’un apprentissage. Le transfert de ce geste dans leurs activités scolaires est donc l’enjeu de ce travail. L’arbitrage individuel du conflit est la condition de ce transfert, malgré l’inconfort qui accompagne toujours un changement parfois assez radical.

Remarque : La personne que l’on voit prendre des notes derrière les jeunes (qui en sont prévenus) est une observatrice qui suivait le groupe avec moi. Ce genre de stage permet à des personnes en formation de gestion mentale d’observer des formateurs expérimentés. Leur participation active est de noter les témoignages des stagiaires de manière à pouvoir nourrir le bilan final que l’on fait avec chacun d’eux le dernier jour.

Personnellement, je poursuivais deux objectifs : faire découvrir le mieux possible aux élèves ce geste mental complexe, et, au delà, m’adresser à de futurs utilisateurs des vidéos, formateurs, professeurs en formation etc.

Sommaire des vidéos.

L’ensemble dure 2h18, avec une pause avant la troisième séance. Cela peut paraître long. Mais pas plus qu’une matinée ordinaire de cours… Le tout est réparti en trois unités dont voici le détail avec le minutage de certains sujets importants :

Première vidéo (durée 38 minutes). Introduction au geste mental de réflexion.
00.00 : Présentation, rajoutée en 2007.
02.50 : Pause évocative initiale (voir Message 62) : les élèves sont invités à faire remonter en eux le souvenir des séquences précédentes (évocations, projet mental, attention, mémorisation), ce qui leur permettra de faire le lien avec celle qui va s’ouvrir sur la réflexion. Cette procédure est pratiquée par tous les formateurs et tous les professeurs formés en gestion mentale, en début de chaque séance ou cours, comme à la fin pour une pause finale de récapitulation (ou de digestion) et d’ouverture sur la suite. C’est l’élève et lui seul qui constitue le sens de ce qu’il apprend, et cela se déroule exclusivement dans sa conscience, « dans sa tête », d’où l’importance de ces temps de vrai et profond silence ; les jeunes y sont en pleine activité intérieure (observez les regards que les cinéastes ont captés à plusieurs moments). Ces silences où les jeunes évoquent pleinement peuvent durer parfois assez longtemps. Il faut être patient... et s'obliger à respecter ces moments forts... et si rares.
05.08 : précisions sur la mémorisation et son mouvement vers le futur.
09.00 : mémoriser oui, mais en vue de quoi, pour quoi faire ? Quel futur doit être imaginé ?
13.00 : schématisation du début de Pégase : le premier rouage du projet d’apprendre. La compréhension qui fait partie de ce premier rouage, est étudiée en détail dans la dernière séquence du stage. C’est la partie essentielle, mais aussi la plus difficile, la plus complexe et la plus déroutante pour les élèves. Et l’on ne comprend ce que l’on apprend qu’en fonction de ses propres besoins (projets) de sens, mais aussi des besoins futurs que l’on peut anticiper. Il faut donc connaître précisément la totalité des actions à mener pour la réussite globale de façon à approfondir, dès le départ, sa compréhension en conséquence.
15.00 : restituer ou réutiliser ? Débat. C’est le premier conflit abordé dans cette séquence. Mémoriser pour ses propres besoins ou pour les besoins supposés du professeur ?
21.00 : quel est le bon outil, le bon acte à produire pour réutiliser ses connaissances ?
24.00 : introduction du geste mental de réflexion. Définitions des élèves. Premier rouage de Pégase (Projet Global d'Apprentissage Scolaire)

Deuxième vidéo (durée 60 minutes) : découverte et schématisation du geste mental de réflexion.
00.00 : deux exercices sont proposés, l’un en mathématiques, l’autre en français (orthographe).
Analyse des résultats proposés par chacun, et des étapes de son cheminement. Dialogue pédagogique pour aider à l’explicitation des démarches mentales. L’animateur joue la naïveté et pousse les jeunes à éclaircir les zones d’ombre de leur pensée par une introspection régressive dirigée (dialogue pédagogique).
23.00 : schématisation collective des « six étapes » du geste mental de réflexion à partir du vécu des jeunes.
52.30 : du particulier au général et du général au particulier. Mouvement de la réflexion. Vérifier son travail en le parcourant en pensée « à l’envers ».
56.22 : introduction de la « septième étape », l’expression orale ou écrite. La réflexion comme avenir à donner au projet de mémorisation. Les trois rouages de Pégase. Schéma de la Réflexion.

Troisième vidéo (durée 40 minutes) après la pause. Digestion - décantation de la séquence précédente. Stabilisation des acquis. Conflit cognitif.
13.10 : difficultés du changement et de l’abandon des automatismes défectueux.
18.00 : la chasse aux virus. La prise de conscience par chaque jeune de ses difficultés habituelles dans l’acte de réflexion. Les pistes de solution pour chacune d’elles.
27.55 : intelligence et réflexion. La réfection outil de l’intelligence. On n’évalue jamais l’intelligence d’un élève dans ses productions scolaires, seulement la qualité de sa réflexion.
32.00 : réflexion et expression écrite. Pour qui écrivez-vous ? Débat. Justifier, argumenter...

La durée de ces vidéos et leur rythme reflètent bien le vécu habituel de ce genre de séquence en stage, ou autre situation. Je vous invite à prendre le temps de les visionner en détail. Le confinement actuel nous offre cette opportunité. Profitons-en.

2 commentaires:

  1. La 3eme video est la même que la seconde. Séances très intéressantes. Merci.

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  2. Erreur réparée ! Merci pour l'info !

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189 - "Si l’on veut permettre à un être humain d’être reconnu comme une personne, il faut lui donner les moyens pour qu’il y parvienne"

Je publie aujourd'hui un autre texte, déjà ancien, extrait de mon fond documentaire personnel. Un de ces textes qui ont nourri ma "...