mercredi 27 janvier 2021

160 - Une belle réussite...en dépit des pronostics assassins de médiocres éducateurs...

Je mets aujourd’hui en ligne le beau témoignage (en fin de message) d’un de mes anciens stagiaires toulousains. À l’occasion de mon anniversaire (82e du nom) il m’avait envoyé de gentils vœux auxquels j’avais répondu en lui demandant des nouvelles de son parcours. Tout en l’espérant, j’ai quand même été un peu surpris (et très heureux !) par une telle réussite. Lorsque je l’ai connu en classe de seconde, ses professeurs de collège ne fondaient pas sur lui beaucoup d’espoir de réussite (bel euphémisme...). Dans cette classe "à projet de méthodologie" que j’accompagnais dans ce lycée privé toulousain, l’équipe éducative au contraire faisait le pari d’amener ces jeunes au meilleur niveau de réussite possible selon leur désir et leurs capacités une fois celles-ci révélées et dynamisées par trois stages à base de gestion mentale, soit le projet Pégase (voir le livre Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux , Chronique sociale, 2009 et le cahier J'apprends à travailler, 2018).

Dans mon message 152, je décrivais, vidéo à l'appui, une autre réussite, d’un tout autre genre mais tout aussi épanouissante pour le projet d’être de ce jeune. Lui aussi fort mal traité par ses précédents "éducateurs" (!) dans son parcours scolaire (plus parcours du combattant que long fleuve tranquille...) du fait d'une forte dyslexie... qui n'avait en rien bénéficié de ce traitement de rejet. 

Lorsque je parcours en pensée les visages de tous ces jeunes rencontrés au cours de ces 13 années d’accompagnement dans cette classe particulière (pour ne parler que ceux rencontrés après mon départ en retraite... il y en avait eu des centaines auparavant...), c’est un bouquet impressionnant de réussites humaines, professionnelles ou sociales qui se présente à ma mémoire : telle jeune fille qui a réalisé son projet d’être infirmière spécialisée dans une O.N.G., telle autre qui a pu ouvrir le magasin de coiffure de son rêve, beaucoup de diplômés d’écoles supérieures ou d'universités en tout genre, des architectes mais aussi des ingénieurs dans toutes les disciplines jusqu'aux plus avancées… autant de réalisations personnelles auxquelles certains "responsables pédagogiques" (?) ou équipes dites "éducatives (?)" non seulement ne croyaient pas, mais encore le proclamaient haut et fort provoquant de véritables effondrements dans des psychismes adolescents si fragiles et si sensibles.

 "On leur vend du rêve" se croyaient ils autorisés à proclamer du haut de leur incompétence... prouvant ainsi qu'ils n'avaient rien compris au sens de cette belle initiative. Très loin de ce triste marchandage d'illusion, ce qu'on leur proposait était plutôt de se retrouver eux-mêmes, de se ressaisir de leurs potentialités, de les exercer, dans le monde scolaire bien sûr mais aussi en dehors, et ainsi non seulement de se remettre à se projeter dans leur avenir - leur aventure - mais surtout de se donner les moyens de réaliser leurs rêves... même les plus inattendus ! Mais ce sont là sans doute des objectifs hors d'atteinte des esprits étriqués de ces "éducateurs" de rencontre.

Oui, je le redis ici, même si mes lecteurs le savent déjà bien, la gestion mentale permet de tels renversements de situation lorsqu'elle accompagne et instrumente le souci de permettre à chacun de ces jeunes de prendre possession de lui-même, de ses atouts comme de ses faiblesses, et de mettre tous ses potentiels au service de réalisations qui soient le fruit de son seul désir... et de ses rêves de nouveau accessibles. Et que l'on ne vienne pas me dire que c'est là le seul résultat de l'intérêt bienveillant que l'on porte à ces jeunes. Éduquer, c'est appeler, guider, conduire à se trouver, à se dépasser, à être, à être plus. Dans ce sens, tout véritable éducateur est un éveilleur d'Être et de progrès humain. Avec toutes les exigences d'un tel projet. Mais, d'éducateur, certains n'ont que l'étiquette, usurpée, de ce noble et passionnant métier. Honte sur  eux !

Témoignage de Joachim… élève en Seconde 204, classe de méthodologie (Gestion mentale) pour l’année scolaire 2013-2014.

Cher Guy et à tout le personnel éducatif de la 204, je vous remercie de m’avoir soutenu en seconde, personne ne croyait en moi mis à part vous et ma famille.

Je tenais à vous envoyer ce petit message pour vous donner de mes nouvelles. A la suite de mon baccalauréat, j’ai décidé de faire du droit. J’ai donc intégré l’Institut Catholique de Toulouse les 2 premières années puis l’université Toulouse 1 Capitole jusqu’à la fin de mon master 1. A la suite de mon master 1 en Droit des affaires que j’ai pu obtenir à 15 de moyenne, j’ai eu l’honneur d’intégrer un master 2 en droit des affaires à Paris Dauphine. Actuellement, j’effectue en parallèle de ce master un autre diplôme à Panthéon Sorbonne. Je vais également passer à la fin de l’année le barreau pour devenir avocat. D’autre part, en juin, je vais intégrer un master 2 droit notarial d’une parisienne (Assas, Sorbonne ou Dauphine) pour devenir notaire. Vous l’avez bien compris, j’ai un projet pas commun et très ambitieux qui est de devenir avocat et notaire dans le monde des affaires.

Je ne viens pas vous écrire ce message pour obtenir des éloges de votre part. Je ne suis pas comme ça. Je viens juste vous remercier pour ce que vous avez fait. Cette réussite je la dois à ma famille et à la 204 dans son ensemble. A personne d’autre. Je sais que désormais cette classe n’existe plus et c’est bien dommage. J’ai un peu la rage contre les personnes qui n’ont rien compris au projet. On ne va pas se mentir, beaucoup de gens pensent que les élèves qui sortent de la 204 sont des « imbéciles » et des gens sans avenir. Avec mon projet et mon témoignage, je pense que vous pouvez être fier de ce que vous avez accompli. En tout cas moi j’en suis fier.

 Je discute de temps en temps avec des gens de S…(mon ancien lycée), qui me disent «  quel parcours! Wahou! » alors qu’il y’a 5 ans ils nous prenaient pour des gens stupides, ringards.. Je ne vais pas rentrer plus dans ce débat ou faire de polémique, ils n’ont pas compris que la 204 avait un sens. Dommage pour eux. La 204 avait une vision à long terme, pas à court terme. A court terme, ils étaient meilleurs que nous. A long terme, ils sont sur la route de campagne nous sur l’autoroute. J’espère que vous vous portez bien et vous souhaite beaucoup de bonheur dans votre vie personnelle et professionnelle. Je ne vous ai jamais oublié. J’espère que mon message ne paraîtra pas prétentieux ou je ne sais quoi : ce n’est pas le but. Je veux juste vous montrer que votre travail a porté ses fruits et ça, ça n’a pas de prix. Amicalement, Joaquim.

 Puis en réponse à mes félicitations, Joachim précise, et cela m'a profondément touché :

Oui oui c’est vrai. Tout est vrai. Si j’ai écrit ce message c’est que je le pense réellement. Je le redis, cette réussite je la dois certes à mon travail, mais surtout à ma famille et à la 204. À personne d’autre. Vous savez Guy, au delà du scolaire, il est très difficile pour un jeune lambda qui a connu des difficultés de tourner la page aussi facilement. On n’oublie pas en un claquement de doigts le regard que les gens portent sur vous. Vous le savez mieux que moi. Un enfant en difficulté scolaire est considéré le plus souvent comme un échec par ses camarades qu’il voit tous les jours. C’est ça le plus dur. Si vous n’avez pas une famille derrière et un personnel éducatif à votre entière écoute, c’est très difficile de s’en sortir. Moi j’ai eu cette chance, malheureusement tout le monde ne l’a pas.

 

3 commentaires:

  1. Merci Joachim pour ces mots qui nous vont droit au cœur. Ce fut une belle aventure pour les élèves, mais aussi pour les profs. Notre formation avec Guy, puis ces 10 années passées dans cette classe ont été une remise en cause et un renouveau enrichissant de notre métier d'enseignant. Il faut le dire, c'est en majorité avec les élèves de cette classe que nous avons gardé des liens qui se prolongent encore aujourd'hui, à l'âge adulte. Certainement parce qu'ils ont compris qu'au-delà de l'enseignement, notre but était de faire avec eux un travail d'éducation. Mais si nous avons donné les outils, ils ont fait le reste! Bravo à eux!

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  2. Merci Guy pour la publication du message de Joachim, je suis d'autant plus émue de le lire que j'ai eu la chance et l'honneur d'être à tes côtés et auprès de toute l'équipe pédagogique de cette classe pendant 7 ans, pour apporter à ma formation de praticien en pédagogie gestion mentale une expérience du groupe classe.
    Joachim exprime avec une profondeur et une sincérité touchante le parcours scolaire tellement difficile que ces jeunes rencontrent, le rejet qu'ils suscitent et pourtant combien d'anciens élèves de la "204" sont venus témoigner de leur réussite et surtout de leur épanouissement après avoir été mis en confiance et découvert leur formidable pouvoir d'apprentissage grâce à leur passage dans cette seconde méthodologique.
    Bravo et merci Guy et à toute l'équipe des enseignants de cette classe pour avoir permis à tous ces jeunes talents de s’épanouir et de donner du sens à leur vie.

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  3. Bonjour Guy,
    C'est un message très émouvant, comme on en reçoit peu.
    J'ai été très touchée de le lire et espère impacter la trajectoire de quelques élèves comme vous avez impacté la sienne.
    Azraelle

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