J'ai été invité il y a deux semaines à présenter mon dernier ouvrage "J'apprends à travailler" (Cahier d'exercices, Chronique Sociale, Sept 2018) à l'occasion des journées Portes ouvertes au collège St François Xavier d'Ustaritz. La conférence "Apprendre à travailler : Pourquoi ? Comment ?" à été filmée et je l'ai mise sur Youtube pour que mes lecteurs puissent la visionner à leur tour. On y retrouvera Pégase avec les apports de la Gestion Mentale d'A. de LA GARANDERIE, bien sûr, mais aussi de mes dernières lectures en neurosciences (Le code de la conscience, et Apprendre..., de S. DEHAENE) qui sont venues s'ajouter à toutes celles qui avaient déjà nourries l'écriture d'Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des Gestes mentaux... et de l'article "Gestion mentale et Neurosciences cognitives" (message 67). Cette "gestion neuromentale" prend de plus en plus sens dans ma tête. Elle est très riche et provoque un effet toujours percutant sur les jeunes à qui je la propose en stage (message 130 : Neurosciences et Geste mental de Réflexion).
vendredi 23 novembre 2018
lundi 19 novembre 2018
132. La génération Z à l’IUT. Problème de réflexion… et de mémoire...
La génération Z à l’IUT…
La semaine dernière, j’ai rencontré un groupe de
professeurs des IUT, tous départements confondus dans le cadre du C.R.E.D. (Centre de Recherche d'Études et de
Développement, un service transversal de l'IUT de Bordeaux), avec qui je travaille depuis
le début de l’année. Le principe retenu par les organisateurs est qu’ils lisent certains chapitres de mon
livre Accompagner le travail des adolescents… et qu’ensuite je réponde à
leurs questions, ce qui permet d’élargir, de poursuivre la réflexion issue de
leur lecture et de la mettre en lien avec leurs pratiques… ou avec les difficultés
qu’ils y rencontrent. Cette fois-ci, après avoir présenté l'ensemble du projet global d'apprentissage qui mène à la réussite, avec son aboutissement dans l'expression pour autrui, nous avons travaillé autour du geste de
réflexion. En introduction, j'ai expliqué la
distinction des systèmes 1 et 2 du fonctionnement cérébral (voir message 130).
Les questions étaient pertinentes, les exercices faits avec sérieux, l’intérêt était manifeste, les liens avec certaines pratiques proposées par les intervenants bien effectués…
Jusqu'au moment où une participante a exprimé son désarroi à peu près de cette façon : « Ce que vous nous proposez est très intéressant, certainement vrai et pertinent pour la réussite de nos élèves. Toutefois je ne m’y retrouve pas : vous dites que la réflexion c’est l’appel à la mémoire de long terme qui vient au secours de la mémoire de travail au cours de la résolution d’un problème. Soit. Mais voyez-vous, nos élèves nous disent qu’ils n’ont rien dans leur mémoire. Ils sont convaincus que tout est disponible dans les mémoires externes de leur ordinateur ou de leur Smartphone, et donc ils ne voient pas la nécessité de mémoriser leurs cours. Dans ces conditions, comment pourraient-ils mener une réflexion telle que vous la présentez ? »
Les questions étaient pertinentes, les exercices faits avec sérieux, l’intérêt était manifeste, les liens avec certaines pratiques proposées par les intervenants bien effectués…
Jusqu'au moment où une participante a exprimé son désarroi à peu près de cette façon : « Ce que vous nous proposez est très intéressant, certainement vrai et pertinent pour la réussite de nos élèves. Toutefois je ne m’y retrouve pas : vous dites que la réflexion c’est l’appel à la mémoire de long terme qui vient au secours de la mémoire de travail au cours de la résolution d’un problème. Soit. Mais voyez-vous, nos élèves nous disent qu’ils n’ont rien dans leur mémoire. Ils sont convaincus que tout est disponible dans les mémoires externes de leur ordinateur ou de leur Smartphone, et donc ils ne voient pas la nécessité de mémoriser leurs cours. Dans ces conditions, comment pourraient-ils mener une réflexion telle que vous la présentez ? »
Ce n’est pas la première fois que l’on me fait cette
objection. J’ai tenté de rassurer ce professeur avec les arguments suivants :
· Tout d’abord, les élèves ne sachant pas mener à
bien une activité réflexive méthodique, ils n’ont aucun moyen de connaître le
contenu réel de leur mémoire à long terme, par définition inconsciente. On se
souvient de ce que l’on sait justement au moment où l’on en a besoin pour
réfléchir. En dehors de ce moment-là, nous ne savons pas exactement ce que nous
savons : c’est justement l’intérêt de la mémoire de long terme… qui dégage
notre espace de travail conscient (limité)… notamment pour réfléchir. Je vois
constamment des élèves ou même des adultes buter sur les petits exercices
que nous venons de faire parce que la règle de l’accord du participe passé, ou
celle de la division d’un nombre par lui-même, ne leur revient pas au bon
moment. Est-ce à dire qu’ils ne la connaissent pas ? À cela plusieurs raisons :
- soit ils n’ont pas mémorisé
la formulation exacte de la règle, et n’ont alors que le souvenir, pas toujours bien précis, de la
procédure d’application, plus ou moins bien passée dans leurs automatismes (système 1);
- soit elle leur revient mais après coup, lorsque, pressés de justifier leur réponse, ils se livrent… à une réflexion méthodique…(système 2).
- soit elle leur revient mais après coup, lorsque, pressés de justifier leur réponse, ils se livrent… à une réflexion méthodique…(système 2).
· De nos jours, il n’est pas question que tout le savoir
de l’humanité soit contenu dans une mémoire humaine, cela est impossible. Il vaut
mieux aider les élèves à trouver par eux-mêmes les éléments dont ils ont
besoin, plutôt que de les mémoriser péniblement et de tenter d’en garder une mémoire
encyclopédique ( imagine-t-on un savant ou un érudit sans une imposante bibliothèque ? Et qu'est-ce donc d'autre qu'un disque dur ou internet ?) . Il est donc important qu’ils soient formés à une pratique de recherche
pertinente d’informations sur Internet. Ce qui n’empêche nullement, et même souvent la
facilite, leur mémorisation : « on ne retient bien que ce que l’on
découvre soi-même » ….
·
On retrouve ici une des caractéristiques de la génération Z ,si bien décrites par Yves Lecocq dans son livre : (Re)penser
l’acte d’apprendre (Septembre 2018). L’enjeu, c’est vrai, est de taille.
L’écart est de plus en plus grand entre, d’une part, les logiques enseignantes
héritées du passé (parfois très éloigné... de leurs propres études), les programmes actuels, les habitudes de travail plus ou
moins bien adaptées déjà aux générations précédentes (la génération Y, enfants
nés entre 1980 et 2000 dans le numérique et Internet, les digital
native ), et, d’autre part, la génération Z, (ou génération 4C pour Communication, Collaboration, Connexion et
Créativité) c.à.d. les enfants nés après 2000 dans le monde des écrans de
toutes sortes et des flux d’information de plus en plus difficiles à maîtriser… =
ceux qui sont actuellement en IUT.
Alors, sûrement, faut-il repenser nos manières d’aborder ces
jeunes et de leur transmettre les savoirs et savoir-faire dont ils auront besoin
dans leur carrière professionnelle. Sûrement l’environnement a changé. Sûrement
on ne peut pas enseigner comme on le faisait au XIXe siècle, ni même au XXe.
Il faut prendre en compte leur nouveau rapport au savoir et à l’école. Mais, tant
qu’on n’y a pas (encore…) implanté des puces électroniques pour augmenter leurs
capacités attentionnelles, mémorielles ou réflexives, et sauf preuve (encore manquante)
du contraire, leur cerveau fonctionne toujours de la même façon : il faut
beaucoup plus d’une génération pour modifier substantiellement le
fonctionnement cérébral humain.
Alors que faire ? Même si c’est difficile et très éloigné de leur mode habituel de pensée (notamment sur le système 1 : rapide, intuitif, automatique, émotionnel…), il faut leur transmettre la bonne manière de se servir de cet organe fondamental de leur apprentissage, en suivant les recommandations de Stanislas Dehaene (dont on ne peut pas dire qu’il soit un nostalgique de l’école du passé…) dans son dernier livre : Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, paru en septembre 2018 (difficile de faire plus actuel !) :
Alors que faire ? Même si c’est difficile et très éloigné de leur mode habituel de pensée (notamment sur le système 1 : rapide, intuitif, automatique, émotionnel…), il faut leur transmettre la bonne manière de se servir de cet organe fondamental de leur apprentissage, en suivant les recommandations de Stanislas Dehaene (dont on ne peut pas dire qu’il soit un nostalgique de l’école du passé…) dans son dernier livre : Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, paru en septembre 2018 (difficile de faire plus actuel !) :
Page 27 : « Apprendre
à apprendre. L’éducation démultiplie les facultés déjà considérables de
notre cerveau – mais pourrait-elle faire mieux encore ? À l’école, à
l’université et au travail, contraints de nous adapter toujours plus vite, nous
jonglons avec nos algorithmes cérébraux d’apprentissage. Cependant, nous le
faisons d’une façon intuitive, sans avoir jamais appris à apprendre. Personne
ne nous a expliqué les règles qui font que notre cerveau mémorise et comprend
ou, au contraire, oublie et se trompe. C’est dommage, car les données abondent.
(…) (Parmi les interventions pédagogiques qui marchent), l’une des plus
efficaces, c’est la métacognition, c’est-à-dire le fait de mieux connaître son
propre fonctionnement cognitif. Savoir apprendre est l’un des plus importants
facteurs de réussite scolaire. »
Et plus loin :
« Il me paraît
fondamental que chaque enfant, que chaque adulte prenne la pleine mesure du potentiel de son propre cerveau et aussi, bien sûr, de ses limites. Les
sciences cognitives contemporaines, par la dissection systématique qu’elles pratiquent de nos algorithmes mentaux et de leurs mécanismes cérébraux, revisitent le célèbre adage socratique « Connais-toi toi-même ». Aujourd’hui, (…) il s’agit
(…) de mieux connaître la subtile mécanique neuronale qui engendre nos pensées (j'ajoute et je préfère, car plus vrai, QU' engendrent nos pensées...),
afin de mieux la maîtriser et de la mettre au service de nos goûts et de nos
besoins. » Il aurait pu ajouter : de nos apprentissages…
« Je pense aussi,
bien entendu, aux professionnels de l’apprentissage que sont les enseignants.
Je suis profondément convaincu qu’on ne peut pas enseigner convenablement sans
posséder, implicitement ou explicitement, un modèle mental de ce qui se passe
dans la tête de l’enfant : quels sont ses intuitions, correctes ou erronées,
quelles sont les étapes par lequel il doit passer pour progresser (c'est moi qui souligne) et quels
facteurs l’aident à développer ses compétences. »
Et ce sont bien ce modèle et ces étapes qu’il s’agit de faire découvrir, explicitement,
à ces "Z" à qui on l’avait
caché jusqu’ici : il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Leur
faire découvrir les mécanismes mentaux qui engendrent et développent la subtile mécanique de leurs neurones, c’est-à-dire ces règles de la pensée et de l'Ecole "jamais expliquées", les projets (ces "algorithmes mentaux") à mettre en
œuvre consciemment pour être attentif, comprendre, mémoriser, imaginer, créer, puis réfléchir en
récupérant les acquis nécessaires ou en allant les rechercher en utilisant les Connexions disponibles, Créer (seul ou Collectivement) une solution innovante et adaptée à une situation nouvelle et
inconnue, et enfin Communiquer sa pensée aux autres de façon claire et
convaincante. Génération C... connectée, collective, créative et communicante !
Mais on ne peut enseigner que ce que l’on connaît, on ne peut bien transmettre que ce que l’on a éprouvé par soi-même. C’est bien le but de nos travaux, même si le temps nous est compté pour cette mission. Il faut garder confiance dans la capacité de nos jeunes à développer leurs potentialités et à les mettre au service d'un apprentissage mieux maîtrisé et donc plus performant. On voit mal ce qu’ils auraient à y perdre.
Mais on ne peut enseigner que ce que l’on connaît, on ne peut bien transmettre que ce que l’on a éprouvé par soi-même. C’est bien le but de nos travaux, même si le temps nous est compté pour cette mission. Il faut garder confiance dans la capacité de nos jeunes à développer leurs potentialités et à les mettre au service d'un apprentissage mieux maîtrisé et donc plus performant. On voit mal ce qu’ils auraient à y perdre.
131 - Des bienfaits de la musique sur le cerveau...
Récemment, j'ai été invité à participer à un regroupement important (80 participants) des professeurs de musique de l'académie de Poitiers. Je leur ai présenté en trois ateliers successifs, une version de Pégase adaptée à l'enseignement de la musique sur le thème "Neurosciences-Musique-Apprentissage : quels liens ?". Ils ont été très intéressés par la découverte de certaines réalités cérébrales liées à la pratique de la musique, instrumentale ou vocale, et leur implication dans l'apprentissage non seulement de la musique mais aussi de toutes les autres disciplines. Cela les place au cœur de la réussite générale de leurs élèves, et non dans la position un peu marginale à laquelle ils sont trop souvent réduits par des administrations peu au fait des processus d'apprentissages....
Pratiquant moi-même assidûment le chant choral, j'ai repris les premières diapositives de mon exposé à l'intention de mes camarades chanteurs, "Cerveau et musique", "cerveau et apprentissage", dans une petite vidéo que je vous propose aujourd'hui : la musique étant un langage universel, je ne doute pas qu'elle saura vous intéresser sinon vous toucher (tout autant que celle qui accompagne la video : "Romance sans paroles", de G. Fauré).
La video : Cerveau et musique.
Pratiquant moi-même assidûment le chant choral, j'ai repris les premières diapositives de mon exposé à l'intention de mes camarades chanteurs, "Cerveau et musique", "cerveau et apprentissage", dans une petite vidéo que je vous propose aujourd'hui : la musique étant un langage universel, je ne doute pas qu'elle saura vous intéresser sinon vous toucher (tout autant que celle qui accompagne la video : "Romance sans paroles", de G. Fauré).
La video : Cerveau et musique.
vendredi 16 novembre 2018
130 - Neurosciences et Geste mental de Réflexion
Je l’ai déjà écrit dans ce blog (67, 73, 102, 104,110,121,129)
: les neurosciences nous délivrent quasiment chaque jour des informations sur
le fonctionnement du cerveau humain. Avec des appareils très sophistiqués les scientifiques
traquent les moindres recoins de l’activité de nos neurones qui ne savent plus
trop où se cacher pour échapper à cette nouvelle Inquisition et préserver
quelques-uns de leurs secrets intimes. Parfois, même, ils se font prescripteurs
auprès des pédagogues jusqu’à prétendre prendre leur place au cœur même de la
classe… dont ils ne connaissent à vrai dire pas grand-chose. Cette intrusion peut parfois irriter ces "artisans du faire apprendre" que sont les enseignants
aux prises avec ces ados de la génération Z si bien décrits par Yves Lecocq dans son livre : (Re)penser l’acte d’apprendre. La gestion
mentale, une réponse aux défis éducatifs (2018) .
Les exercices proposés aux volontaires qui offrent leurs réseaux neuronaux aux électrodes des scientifiques sont du niveau de simples multiplications, d'images ou de mots à mémoriser : les conclusions que l’on peut en tirer sont souvent difficiles à mettre en œuvre dans des contextes d’apprentissage bien plus complexes. À quand une étude par I.R.M.(f) ou l'EEG de l’apprentissage d’un chapitre d’histoire de terminale durant un week-end, ou de la résolution d’un problème complexe de mathématiques ? Ou encore d’une dissertation de philosophie de quatre heures ?
Les exercices proposés aux volontaires qui offrent leurs réseaux neuronaux aux électrodes des scientifiques sont du niveau de simples multiplications, d'images ou de mots à mémoriser : les conclusions que l’on peut en tirer sont souvent difficiles à mettre en œuvre dans des contextes d’apprentissage bien plus complexes. À quand une étude par I.R.M.(f) ou l'EEG de l’apprentissage d’un chapitre d’histoire de terminale durant un week-end, ou de la résolution d’un problème complexe de mathématiques ? Ou encore d’une dissertation de philosophie de quatre heures ?
Par ailleurs, dans mes lectures les plus récentes comme dans
toutes les vidéos (sérieuses) que j’ai pu visionner, j'ai constaté que l’activité mentale étudiée
par les neuroscientifiques ne dépasse jamais les gestes d’attention et de mémorisation,
avec une petite entrée (toute petite…) sur l’activité de compréhension. Alors c’est vrai, sur ces trois premiers piliers * de l’apprentissage
,
il y a des choses à prendre dans ce que les neuroscientifiques nous apportent, comme un complément "scientifique" à ce que nous
savions et pratiquions déjà, tout en rendant nos pratiques encore plus efficaces
comme on le verra plus loin. Mais je reste sur ma faim quant
à la récupération des acquis dans une activité de résolution de problème complexe,
c’est-à-dire pour nous le geste de réflexion élaborée, et encore plus sur l’activité
finale de communication, écrite comme orale, sur laquelle tous les élèves sont
évalués en France. Malgré tout, pour la réflexion, je trouve que la mise en
évidence des deux systèmes de pensée décrit par Daniel Kahneman (Thinking, Fast and Slow , 2011) et repris par plusieurs chercheurs en tant que système 1 (inconscient, émotionel, rapide et intuitif) et système 2 (conscient, plus lent et organisé), nous ouvre
une fenêtre intéressante sur l’articulation entre l’activité neuronale inconsciente et la gestion de l’activité mentale consciente. Et sans plus attendre, j’ai utilisé cette entrée "neuro-mentale" avec des élèves de seconde lors d’un
récent stage méthodologique sur la réflexion en résolution de problème et son
volet tourné vers la communication pour autrui.
Depuis un certain temps, en
effet, j'associe dans mes interventions des apports issus des neurosciences avec
la méthodologie de la gestion mentale d’Antoine de la Garanderie. Ce cocktail est très performant, et il illustre
la permanente communication qui existe entre le monde inconscient de l’activité
neuronale "dans le vaste sous-sol de notre esprit" (Damasio, voir message 121). et "l’espace
de travail conscient" (nouveau nom pour la mémoire de travail d’autrefois) dans lequel se décide, se projette
et s’oriente l’apprentissage, et s’organise en conséquence l’activité
inconsciente (les "neurones-chefs" et les "neurones esclaves" de J.Ph. Lachaux dans Les petites bulles de l’attention - 2016, voir message 104).
En effet, sans "l’administrateur
central" avec son processus d’inhibition du système 1 au profit du 2
(Houdé), son processus évaluateur et sa régulation des hypothèses et erreurs constamment à l’œuvre
dans l’activité neuronale (Dehaene), bref sans cette instance de régulation
consciente (Gestion mentale) de l’activité inconsciente (Neurosciences), aucun apprentissage organisé (et donc
aucun enseignement efficace) n’est possible. Et pour cela, bien sûr, il est
nécessaire d’effectuer certains "algorithmes mentaux" et de respecter
certaines "étapes par lesquelles (l’élève) doit passer pour progresser" (Dehaene).
C’est dit autrement, mais Pégase et ses différentes étapes/gestes mentaux s’ébroue
joyeusement en lisant ces expressions venues d’un autre univers… si proche et si différent...
Pour illustrer ce propos peut-être un peu abstraits, voici le
compte rendu de ce stage où la connaissance des systèmes 1 et 2 du cerveau a permis
aux élèves d’entrer plus facilement et avec encore plus d’efficacité que d’habitude
dans la complexité du geste de réflexion : ils n’attendaient que cela pour
se mettre à galoper sur les espaces encore ignorés de leur activité mentale.
* Ces piliers de l'apprentissage sont quatre : l'attention, l'engagement actif, le retour d'information et la consolidation des acquis. Dans ce modèle, Stanislas Dehaene décompose la compréhension en deux temps, 1 = engagement actif, hypothèses, curiosité, et 2 = la correction des erreurs ;
mais ce modèle s’arrête à la consolidation-mémorisation de ce qui a été compris. Quid de la suite ? Quelle perspective d'avenir donner à la mémorisation ?
Compte rendu du
deuxième stage 2018 – 2019 en 204.
Stage
consacré à la réflexion et à la communication orale ou écrite. Les contenus
étaient sensiblement les mêmes que l’année dernière (voir message 103: Peut-on apprendre à réfléchir ?) et ont
atteint le but que je visais. La classe a été impeccable de concentration et de
participation. J’ai observé plusieurs évolutions positives chez des élèves qui
étaient restés un peu en retrait, dans l’expectative, lors du premier stage
(message 129) : « je ne vois pas très
bien où on veut en venir ». J’ai même noté quelques "conversions" qui
augurent bien de la suite chez plusieurs élèves dont on avait signalé le manque
d’engagement et d’activité jusque-là.
Comme d’habitude, j’ai étayé la découverte des gestes mentaux par des explications
neurologiques et montré le rapport étroit qu’il y a entre la pensée consciente,
l’apprentissage méthodique, et le développement du cerveau. J'ai notamment
expliqué comment certaines réalités cérébrales favorisent ou au contraire
pénalisent la réussite d’un apprentissage. Les élèves ont été particulièrement
frappés par la découverte du double système d'activité du cerveau :
·
système 1,
intuitif, automatique, très rapide, émotionnel, traitant en parallèle toutes les sensations
perceptives, mais de façon complètement inconsciente et automatique : la
réponse qui fuse, la première chose qui se présente à l’esprit, sans aucun recul
et aucun contrôle du système évaluateur interne ;
·
système
2, conscient, organisé, plus lent, "pas à pas" ou "étape par étape" dirait S. Dehaene, moins riche mais plus profond : celui des "fonctions
exécutives" effectuées en toute conscience, base de tout apprentissage
méthodique.
Le geste
mental de réflexion, qui correspond au système 2 neuronal, a du coup été fort bien reçu par les
élèves de même que l’activité de communication qui en est le versant "vers
autrui", alors que la réflexion proprement dite est tournée "vers soi" : c'est un "dialogue avec soi-même" comme dirait La Garanderie.
Une présence
constante et fournie des enseignants de la classe a certainement contribué à l’attitude
très positive des élèves tout au long de ces journées denses et
particulièrement concentrées. Les élèves ont besoin de sentir l’intérêt de
leurs enseignants habituels pour ce type de découverte, parfois difficile.
Les bilans
des élèves sont explicites sur tous ces points. Ils sont tous intéressants et
même parfois émouvants et je ne peux que les citer dans leur (presque)
intégralité.
« Dans ce second stage, j’ai appris
qu’on avait deux sortes de pensées, la première qui arrive immédiatement mais
qui n’est pas la bonne puis la seconde qui demande de la réflexion. C’est plus
important de faire comprendre aux autres notre réponse au problème que de
l’avoir en tête. J’ai aussi appris que dans les contrôles, la note n’est pas
due à nos connaissances mais à nos réflexions sur le problème posé. Pour
l’avenir, je ne vais plus foncer direct sur la question mais réfléchir. Je vais
aussi mieux comprendre les énoncés et arrêter les hors-sujet. Je vais essayer
quand j’apprends de me projeter au moment où je devrais faire ressortir mes
connaissances. J’ai beaucoup appris sur les problèmes comme sur la manière de
m’expliquer. »
« J’ai trouvé le stage plutôt bien car
j’ai appris de nouvelles choses, comme les deux modes du cerveau, comment
répondre à un énoncé… J’ai aimé la journée du jeudi car on faisait des lectures
d’énoncés. Dans l’avenir, je compte faire des évocations, des analyses de
l’énoncé, ne pas faire marcher mon cerveau d’émotions. »
« Ce stage m’a montré que je ne savais
pas résoudre un problème simple comme « les briques ». J’ai appris que le
cerveau a deux parties, une partie qui va répondre à la va-vite et l’autre qui
va essayer de comprendre le problème posé. Qu’il fallait obliger son cerveau à
n’utiliser que le second système. Ce stage m’a aussi montré que je ne savais
pas me faire comprendre des autres en leur décrivant une solution au problème.
J’ai aussi observé que sur un problème de primaire j’ai eu des difficultés à
trouver la réponse. Dans un deuxième cas également, qui était de lire toutes
les consignes avant de commencer (ce que je n’ai pas fait bien sûr). Pour moi,
le pilier le plus important a été de comprendre comment marche la réflexion. »
« Ce stage me sera bénéfique car il
m’a permis de corriger certaines de mes erreurs, d’avoir un but pour mes
devoirs écrits ou oraux. Je pense sérieusement changer ma méthode de travail
car je me suis aperçu qu’elle ne fonctionnait pas toujours. Ce sera dur mais
j’y arriverai, je ne perds pas espoir. Même si ce stage aura été long, dur,
pénible et surtout épuisant, je vous remercie pour ce deuxième stage en votre
compagnie et je serai prêt pour le dernier stage et surtout merci. »
« Durant ce second stage, j’ai pu
découvrir de nouvelles choses dans le travail personnel. Que notre cerveau
avait tendance à utiliser un système intuitif, c’est-à-dire où la réponse soit
donnée rapidement alors que nous devons favoriser un système qui demande plus
de réflexion et donc un effort. Imaginons que nous devons traiter un sujet très
prochainement : il faut s’imaginer dans le futur en train d’être dans la salle,
d’être en condition, c’est le but de la mémorisation des cours d’avoir pour
projet de les réutiliser lorsqu’on sera confronté au problème. Le cerveau doit
procéder en plusieurs étapes : évocation de l’énoncé, analyse (de quoi
s’agit-il ?), La problématique (quel est le problème posé ?), Les connaissances
nécessaires, la sélection/le tri des connaissances puis l’application des
connaissances à l’énoncé. Cela est une aide primordiale qui m’aidera dans mes
projets et études futurs. C’est une chose absolument à respecter. »
« Ce stage m’a paru plus motivant que
le premier. Les exercices proposés ont été difficiles à réaliser mais m’ont
quand même été utiles. J’ai rencontré des difficultés comme justifier d’une
manière précise notre méthode pour résoudre un problème et expliquer ce qu’on
s’est imaginé dans sa tête. J’ai su surmonter mes difficultés en suivant les
consignes et en comptant sur moi, car j’étais énormément dans le stress »
« Ce deuxième stage ne m’a pas appris
de nouvelles choses mais quand c’est vous qui l’expliquez c’est beaucoup mieux.
J’ai beaucoup apprécié quand on a parlé de la compréhension à d’autres
personnes (dessins à reproduire). J’ai remarqué que ce qui pouvait être logique
pour nous n’est pas forcément logique pour d’autres personnes. Il va falloir
que je travaille beaucoup sur ce point. »
« Ce stage m’a appris de nombreuses
choses. J’ai beaucoup aimé faire des activités car cela met en application tout
ce qu’on a appris. Le stage m’a permis de comprendre comment je devais faire
pour les contrôles. Il m’a permis de comprendre qu’au lieu de me précipiter sur
ma copie et de répondre avec le système 1, je devais prendre le temps de lire
la consigne, de l’analyser, de voir où était la problématique. J’ai également
appris que les contrôles n’étaient pas faits pour montrer au professeur qu’on
connaissait notre leçon mais plutôt pour être capable de la réutiliser et de la
transmettre (la solution) aux autres personnes. On a également vu que
s’expliquer à l’oral à une personne qui ne nous voit pas est compliqué. Donc je
pourrais mettre en application le stage en utilisant la méthode pour les
contrôles. »
« Le stage m’a été plus utile que le précédent
car les exercices sont plus explicites pour moi, ça m’a permis de découvrir de
nouvelles façons d’apprendre et de travailler. J’envisage de réfléchir différemment
au quotidien pour développer ma deuxième intelligence (système 2) et de savoir
dire comment j’ai résolu le problème. »
« J ’ai bien vécu ce stage. Nous avons
fait des exercices et des problèmes à résoudre pour apprendre à imprégner une
consigne dans notre cerveau, la comparer et pour finir la résoudre. Dans
l’avenir, j’envisage de m’imprégner des consignes lors d’un contrôle et de me
poser une problématique. »
« Ce deuxième stage m’a plus apporté
que le premier car les choses que je n’arrivais pas trop à faire, j’arriverai
mieux à le faire avec les nouvelles choses qu’on a apprises. Maintenant, je
vais essayer d’appliquer la méthode comme pour lire un énoncé pour mieux le
comprendre. Me faire plus d’évocation pour comprendre l’énoncé ou un texte. Je
comprends beaucoup plus que le premier stage. Je suis motivé pour appliquer ces
méthodes dans mon travail et réactiver plus. Je vais essayer de plus m’exprimer
à l’écrit et à l’oral. »
« J’ai trouvé que le deuxième stage
était mieux que le premier, car je vois plus à quoi tout ça va me servir en
classe et dans la vie. Je vais me mettre à utiliser encore plus les méthodes
partout. Je suis motivée à me prendre en main. J’ai trouvé qu’on comprend mieux
quand on teste sur les exercices et ça j’aime bien. »
« Durant le stage j’ai appris à
apprendre en mémorisant donc en me projetant dans un futur proche, à bien lire
un énoncé et à ne pas répondre précipitamment afin que ce soit le
système 2 qui agisse. J’ai aussi appris qu’il faut être le plus clair et
précis possible lorsqu’on restituait un devoir. Cela m’a intéressé et j’espère
pouvoir l’utiliser pendant les cours et les contrôles »
« Le stage m’a permis de me
consolider. De mieux réussir à apprendre en me projetant et aussi de ne pas
répondre bêtement mais de me servir du circuit 2. »
« Dans ce stage j’ai appris que je
travaillais pour moi, qu’il ne faut pas toujours essayer de donner la totalité
de ce que l’on sait, il faut trier ses idées, faire comme si notre camarade et
non notre professeur ne comprenait pas. Pour mémoriser, il faut se projeter
dans le moment où on utilisera ce que l’on retient, il faut se dire « pour quoi
je fais ça ». J’ai appris que répondre directement à une question ce serait
automatiquement faux, il faut utiliser le second circuit. »
« Ce stage m’a fait comprendre
pourquoi en certaines matières je stressais avant les évaluations et il m’a
aidé à trouver des solutions. Je n’aimais pas le début de matinée car on
faisait que parler et je préférerais la fin de journée car on faisait des
activités. »
« Grâce à ce stage, j’ai appris à
traiter un énoncé, un problème, ce qui me posait problème avant. J’ai appris à
mémoriser un énoncé pour pouvoir réfléchir et donner les bonnes réponses aux
bonnes questions. Je sais maintenant que notre cerveau possède deux systèmes :
système 1 (survie) système 2 (réflexion). Grâce à ce stage j’ai compris à quoi
servait le premier stage. Ce second stage m’a beaucoup plu, il y avait une
bonne ambiance, des exercices simples en apparence mais complexes dans le fond.
Je vais maintenant appliquer vos méthodes pour faire des problèmes et les
évaluations. »
« Pendant ce stage, j’ai compris des
choses que je n’avais pas comprises avant comme aller moins vite lorsque je lis
un énoncé. Je vais essayer d’appliquer toutes les méthodes que j’ai apprises
lors du stage, car je pense qu’elles pourraient m’aider. J’ai trouvé ce stage
fatigant mais intéressant. Inch Allah, je les appliquerai lors des contrôles. À
bientôt. »
« Ce stage m’a appris des méthodes de
réflexion qui montrait comment on comprend et analyse une question et un texte
grâce à la gestion mentale, mais aussi à évoquer une question et cela m’a
beaucoup aidé car maintenant je ne travaillerai plus un devoir de la même
façon. Pour l’avenir je pense que j’exploiterai les méthodes de Guy Sonnois au
maximum même si certaines méthodes paraissent trop abstraites pour moi. »
« Lors du premier stage je ne voyais
pas l’intérêt que vous nous expliquiez tout ça, c’était flou, à présent c’est
plus clair et je commence petit à petit à comprendre votre démarche, j’en ai
retiré que du positif et j’espère que ça ne restera. Maintenant, je me fierai à
mon système 2. C’était intéressant et amusant, je vous en remercie. Je compte
davantage appliquer vos méthodes. »
J’ai trouvé ce stage bien. Je sais
qu’il faut apprendre plus les règles et les mémoriser. Il faut se faire ses
propres images dans sa tête. Et surtout il faut relire la consigne et l’analyser
pour mieux la comprendre. Ce que j’ai préféré c’est lorsqu’on a joué au jeu
pour nous aider à mieux nous exprimer envers les autres. Mais je trouve que les
heures sont trop longues. »
« J’ai bien aimé ce stage, je l’ai
trouvé plus intéressant que le premier. J’ai appris plus de choses mais je l’ai
trouvé moins long que le premier et plus compréhensible car on nous indique les
méthodes et grâce aux exercices on a pu plus facilement les mettre en pratique
et donc je pense plus simple pour l’avenir à mettre en pratique, car sans
exercice de mise en pratique le temps ne passe pas vite et l’on décroche
beaucoup plus vite. J’espère apprendre encore au prochain stage. »
« Dans ce stage j’ai découvert qu’il
était important de soigner la communication, en faisant des productions orales
ou écrites pour transmettre des connaissances. Il faut bien prendre son temps
pour lire les énoncés, les mettre en évocations, les analyser… Je vais prendre
en compte les méthodes pour les utiliser. Inch Allah ça va marcher ! »
« Je conclue que ce stage m’a apporté
plus de choses que le précédent. J’ai appris à réfléchir avant d’agir et
réfléchir avant d’agir ça me servira pas qu’à l’école. J’ai découvert de
nouvelles méthodes de réflexion pour toutes les matières. Des méthodes qui
méritent d’être utilisées. Ce stage
m’a redonné goût en quelque sorte au travail à l’école. Je vais
réutiliser tout ce que Guy m’a appris et je verrai ce que ça donne. »
Guy Sonnois – Novembre
2018
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